A la recherche des ancres de la Boudeuse

Cette ancre a été repêchée en 1969.
En avril 1768, Bougainville séjournait à Hitiaa. Il commandait deux vaisseaux français, La Boudeuse et L’étoile. Le mauvais temps l'obligea à quitter prématurément Tahiti, où il perdit 6 ancres. Sont-elles encore dans le lagon ? Une équipe du SHOM a été autorisée à faire des recherches.





« La passe de la Boudeuse ». 248 ans plus tard, Hitiaa conserve les traces du passage d’un explorateur français, Louis Antoine de Bougainville. Après Samuel Wallis et avant James Cook, le lieutenant de vaisseau séjourna 9 jours à Tahiti.

Dans son Voyage autour du monde, il écrit : « Le 15 avril 1768 à six heures du matin, les vents étant de terre et le ciel à l’orage, nous levâmes notre ancre, filâmes le câble de celle de l’Etoile, coupâmes un des grelins et filâmes les deux autres, appareillant sous la misaine et les deux huniers pour sortir de la passe de l’Est. Nous laissâmes les deux chaloupes pour lever les ancres (…) Ainsi un mouillage de neuf jours nous a coûté six ancres »

La Boudeuse et le portrait de Bougainville.

Que sont devenues les six ancres abandonnées dans le lagon ?
C’est le mystère qu’aimerait percer l’historien Philippe Prudhomme, président de l’association « les amis de Bougainville » :
http://lesamisdebougainville.wifeo.com/

©Polynésie 1ère

Le ministère polynésien de la Culture l’a autorisé à procéder à des recherches.
Depuis lundi, une équipe de 3 personnes sillonne une zone de près d’un kilomètre carré. Une équipe du SHOM, le service hydrographique national, aidé de l’armée, effectue des levés à partir d’une vedette de huit mètres de long, munie d’un sondeur acoustique monofaisceau, d’un sondeur acoustique remorqué à balayage latéral et d’un magnétomètre remorqué en surface.
Objectif : détecter et positionner les ancres de la Boudeuse, si elles sont toujours présentes sur zone car elles ont pu être victimes de chasseurs d’épaves.

Mise à l'eau du sondeur acoustique mono-faisceau.

Pour l’instant, si preuve est faite de l’existence de ces ancres, il n’est pas encore question de les remonter, ce que fît en revanche, en 1969, un pêcheur de Hitiaa. Ne lui demandez pas où exactement, pour Victor Tom Sing Vien, aujourd’hui 70 ans, les ancres appartiennent au patrimoine de Hitiaa, il compte bien garder le secret. Pour le moment, c'est dans son jardin que l'on peut admirer le précieux objet, d'environ une tonne :

Très fier de poser devant l'ancre.

©Polynésie 1ère

Après cinq jours de recherches, il s’agit maintenant pour les équipes du SHOM d’analyser les données : « la zone est très dense, beaucoup de patates de corail donc on espère qu’on va trouver quelque chose mais on ne peut pas l’affirmer tant qu’on aura pas regardé les données »

Les premiers résultats sont attendus d’ici un mois mais l’analyse complète des données pourraient prendre jusqu’à un an. Le ministère polynésien de la Culture et la Marine nationale décideront ensuite d’entamer ou non des recherches sous-marines.

Cybèle Plichart

Retrouvez ce reportage ce soir dans notre Ve'a de 18h30 et notre JT de 19h.