Morsure de requin à Sapinus : les plongeurs se défendent

Pour l'instant, le spot est toujours interdit à la baignade.
Retour sur l'accident qui s'est déroulé à la pointe des pêcheurs samedi à Punaauia. Un jeune homme a été blessé - a priori - par un requin tigre. Les surfeurs de Sapinus sont convaincus que les clubs de plongée pratiquent encore le shark feeding. Mais les plongeurs réfutent catégoriquement ces allégations !

L’atmosphère est lourde à la pointe des pêcheurs. Les surfeurs sont encore sous le choc. Trois jours après l’accident, Hakahei Huuti se souvient parfaitement de cette rencontre douloureuse. "Il n'a pas vraiment voulu m'attaquer, mais j'ai vu le requin au dernier moment et c'est à ce moment-là que j'ai levé mon pied par réflexe. Et là il m'a bousculé tout le haut...l'aileron était juste devant moi, à 20 cm, je pouvais même tenir l'aileron", raconte le bodyboarder.

Les surfeurs n'en démordent pas, ils pensent que les plongeurs sont à l'origine de l'incident de samedi dernier.

Cette rencontre qui aurait pu lui être fatale lui a valu 13 points de suture qui font monter la colère des surfeurs et des riverains. Le shark feeding - traduisez nourrissage de requins – feraient toujours partie des habitudes selon eux. Les clubs de plongée sont désignés coupables ! 

Suspicion

"Nous, on pense que c'est ça, parce que depuis 4 à 5 ans, il y a vraiment plus de bateaux, beaucoup de clubs de plongée qui ouvrent, et qui viennent la nuit, devant la maison au PK 16, il y en a qui viennent au large...", lâche Alann Poilvet, bodyboarder de Sapinus. Pour Edouard, riverain Pointe des pêcheurs, la solution serait que les clubs de plongée "aillent là-bas au milieu, il y a de la place. Je ne sais pas s'ils viennent travailler, mais pour moi c'est mieux qu'ils vont là-bas au milieu, et laisser la place. Un jour si un requin bouffe un surfeur à Taapuna, qu'est-ce qu'on va dire ? Parce qu'ils sont là-bas aussi. Je vois plein de bateaux là-bas".

Sauf que la pointe des pêcheurs abrite 5 spots de plongée connus et reconnus. Parmi eux, le plateau aux tortues, les trois pitons, la source… Des promesses de rencontre avec la faune sous-marine de Tahiti…

Dialoguer

Jean, un plongeur, se souvient d’un épisode récent, significatif des tensions qui règnent sur le site : "l'apnéiste est descendu, et il a montré son poing, ça peut arriver, mais il a pointé son harpon. Et ça c'est plus dangereux...s'il y a un souci, le mieux c'est de discuter".

Les plongeurs assurent qu'il n'y a plus de shark feeding depuis 2017.

Même son de cloche dans un club de plongée de la côte Ouest, le dialogue doit absolument s’instaurer pour permettre une cohabitation saine. "C'est sûr qu'il y a une pression sur ce site, clairement, donc je peux comprendre qu'une certaine partie de la pointe des pêcheurs soient fiu de cette situation...mais que fait-on quand on voit ça, comment peut-on réglementer le site pour travailler tous ensemble, vivre tous ensemble et que ça se passe le mieux possible ?...Pour moi, il n'y a aucun shark feeding et j'invite tous les gens qui disent le contraire à aller porter plainte et à le prouver", explique Alexandre Deliere, gérant d'une base nautique.

Shark feeding interdit

Le code de l’environnement est pourtant formel. En Polynésie française, les requins sont protégés depuis 2006 et la règlementation en matière de shark feeding est renforcée depuis 2017. Partout en mer, il est interdit d’attirer à soi de quelque manière que ce soit des espèces sauvages, notamment par des gestes, bruits ou promesses de nourriture.

Dans un communiqué, le syndicat polynésien des centres de plongée l’affirme, "aucun club ne s’adonne au nourrissage et ce depuis plus de quatre ans".