Second décès à Manu Iti : qui fait quoi dans ce centre ?

A Paea, le 2e décès au centre Manu Iti ravive les clivages au sein du conseil municipal. L'opposition critique le maire et ses décisions d'accueillir des malades aux pathologies lourdes. De son côté le conseil de l'ordre des médecins s'interroge sur ce centre, comme la famille de la femme décédée.

Nous l'annoncions hier, Paea pleure un second décès d'un homme qui a eu lieu à la salle Manu Iti. Un centre d'isolement, qui devrait être réservé aux malades du covid avec symptômes légers. Mais l'opposition au maire au sein du conseil municipal critique fortement les choix de celui-ci quant à la prise en charge de patients atteints de pathologies lourdes. Elle dénonce même l'utilisation d'agents municipaux au sein de cette structure.

Le maire Anthony Géros met en avant que "l'issue était déjà verrouillée avant qu'il ne vienne au centre. Mais j'ai quand même accepté de le prendre car ils étaient dans des conditions d'isolement déplorables".

 

Du côté du conseil de l'ordre des médecins, on souhaite aussi remettre les points sur les "i" dans une organisation qu'il estime floue. Quelle est la fonction réelle du centre d’isolement Manu Iti ? C’est la question que se pose aujourd’hui le conseil de l’ordre des médecins. Il a rappelé que la création d’une structure d’isolement à Paea pour sortir certains patients de foyers sans isolement ou sans distanciation possible est louable. Mais certains principes doivent être respectés quant à la prise en charge de patients. 

Jean-Ariel Bronstein, responsable de la communication du conseil de l'ordre des médecins.

 

"Il faut que le médecin soit au centre des décisions d'une part, et d'autre part il faut que la permanence des soins soit assurée 24 h/24 par des personnels qui ont l'habitude de prendre en charge ce type de patients. Mais aussi il faut que les personnels qui sont en fonction doivent pouvoir réagir suffisamment rapidement pour détecter un patient qui ne va pas bien", explique Jean-Ariel Bronstein, responsable communication du conseil de l’ordre des médecins.

D’après nos informations, les médecins suivent majoritairement leurs patients à distance. Quant aux 3 infirmières volontaires, elles se rendent sur place à la demande pour réaliser les soins médicaux. Le reste du temps, une surveillance est assurée par les volontaires.

Une organisation qui aurait poussé le conseil à se tourner vers l’ARASS (agence de régulation de l'action sanitaire et sociale) pour qu’une enquête sur le centre soit menée.

Les fils de la femme décédée le week-en dernier.

 

Quant à la dame décédée ce week-end, ses fils veulent alerter la population. "Chacun a commis des erreurs, Manu Iti ou le médecin ou même nous la famille. On fait comprendre aux gens que Manu Iti n'est pas équipé pour les cas graves", dit l'un. Le second, Robert, explique qu'"il faut faire confiance à l'hôpital. L'hôpital n'a jamais dit qu'ils vont faire des miracles par rapport à cette pandémie. Mais ce sont des gens qui ont fait des études pour soigner des gens".

Aucune plainte n’a pour l’instant été déposée. Les conclusions de l’enquête de l’ARASS devraient être rendues prochainement.

Regardez le reportage de Kaline Lienard :