Papara : des habitants et des agriculteurs souffrent du manque cruel d'eau

Au 21ème siècle, des familles polynésiennes manquent encore d’eau courante. Exemple à Papara, dans le quartier Lucky, des administrés feraient presque la danse de la pluie pour pouvoir en bénéficier. Au cœur du problème : un manque d’infrastructures et des habitudes plus acceptables aujourd'hui.

Selon les riverains des quartiers Amo et Peue depuis plus d’une dizaine d’années, le problème d’eau persiste dans ces 2 quartiers. Aujourd’hui ils expriment leur ras-le-bol. Comme Joanita, agricultrice, qui est privée de revenus depuis 2 ans. Sans eau, la terre est aride et les cultures, asséchées.

 

"Comme vous le voyez, je ne peux même pas arroser mes taro. 2 ans sans récolte. Mais ça fait des années que ça dure cette histoire de manque d'eau. Je vais continuer à cultiver mais avec des produits qui demandent peu d'eau. Par exemple, des fleurs...J'essaierais aussi les arbres fruitiers qui nécessitent peu d'eau. C'est le seul moyen que nous ayons en tant qu'agriculteurs", explique-t-elle.

Réseau sous-dimensionné

 

Comme elle, tous les agriculteurs subissent la sécheresse, mais ils sont surtout victimes d’un manque de réseau de distribution.

Une famille bénéficiait depuis toujours de l’eau en puisant dans un bassin de la Direction de l’agriculture. Installée sur des terres privées, elle en est dépourvue depuis 6 mois. Et le quotidien est compliqué. "Pour l'instant, il a plu il y a 2 semaines. Alors on fait couler l'eau et on va aussi en chercher à l'aide de fûts pour pouvoir boire et aussi faire notre cuisine", explique Tiapatai Turarii, habitante du quartier PEUE.

 

Au fil des années, les habitations se sont multipliées,et le réservoir initialement prévu pour une cinquantaine d’agriculteurs installés sur des terres agricoles est à présent sous-dimensionné. "Il n'y a pas 36 000 options, soit c'est l'option de rétrocéder ce réseau, soit l'option de continuer la gestion comme on fait actuellement. Il faut savoir que le Pays a engagé des travaux conséquents pour réhabiliter tout le réseau", précise Philippe COURAUD, directeur de la Direction de l'agriculture.

Structures désuètes

 

Pour Sonia Taae, maire de Papara, "la solution c'est de venir s'inscrire à Vaipu, pour qu'ils s'alimentent en eau et nous, avec le directeur de Vaipu, tavana on est là pour les aider".

Un problème qui soulève une fois de plus le manque d’infrastructures communales. Il met aussi en exergue des structures désuètes, au regard du nombre d’habitants. Papara n’est pas un cas isolé en Polynésie. 

Une rencontre est prévue lundi après-midi entre les habitants, la commune, et le ministre de l’Agriculture Tearii Alpha.