Dan Taulapapa Mc Mullin est un Ovni. Réalisateur de 100 tikis, ce fa'afafine (mahu) est un savant mélange d'artiste fou et d'Océanien réfléchi et engagé. 100 tikis, on aime ou on n’aime pas.
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Parfois dérangeant, ce film est un bombardement d'images, de clichés de l'Océanie, du mythe de la vahine, du méchant indigène, de culture océanienne récupérée à l'occidentale.
Un film vertigineux présentant l'envers du décor de la carte postal parfaite. Pour mieux appréhender ce déluge d'information qu'est 100 tikis, il faut en premier lieu connaître le réalisateur. Originaire des Samoa américaine, Dan Taulapapa Mc Mullin est un touche à tout. “Je travaille sur divers supports, la peinture, l'écriture et ce film est parti d'un poème que j'ai écrit “Tiki manifesto”.
A cette époque j'habitais à Los Angeles et j'avais des amis qui étaient réalisateurs, acteurs, qui venaient de Nouvelle-Zélande. On passait beaucoup de temps ensemble. Mon amie réalisatrice travaillait sur un projet sur les “Tiki bars”, des bars qui sont remplis de tiki. Tout est parti de là”, raconte le réalisateur. Et de poursuivre : “Dans ce bar, on servait des cocktails dans des volcans. Les Américains étaient revenus de la Seconde guerre mondiale avec toutes ses images en tête et ont commencé à faire pleins de tiki bars. Le projet est né comme ça.”
Un poème couché sur papier, des bars à tiki à foison, Dan mène sa réflexion plus loin. Ce fils de pasteur entame plusieurs recherches de documentaires, de films, de dessins animés traitant de l'Océanie. L'artiste rédige un premier essai de ses recherches. Du crayon au pinceau, l'homme brosse sur une toile la version colorée de ses recherches. Laissant parler sa créativité, la toile se transforme en une œuvre d'art qu'il expose dans une galerie d'art de Los Angeles.
“C'est à ce moment-là, que je me suis dit, puisque mes œuvres parlent de films et de la représentation de l'Océanie, c'est peut-être un film que je devrais faire et c'était parti”, lâche Dan. Et le résultat est bluffant. Il heurte parfois certaines sensibilités. Certains se demandent par ailleurs pourquoi ces quelques coups de projecteurs sur les “raerae”, pourquoi tant de caricatures, de stéréotypes, d'Océaniens brisés, pourquoi tant d'informations dans un 52 minutes !
“Je dois peut-être être un peu fou (rires). C'était un choix délibéré de bombarder les gens d'informations, justement pour traduire peut-être le monde dans lequel on vit. On est nous-même bombardé d'informations et cette masse d'informations noie les voix indigène. On ne les entend plus”, persiste Dan. Entre décadence et cliché, certains Polynésiens peinent parfois à se reconnaître dans les images véhiculées. Pour Dan, le pari est gagné : “C'est bien là le sujet du film. Le sujet du film est bien qu'il ne s'agit pas de nous. Ce film ne parle pas de nous Océaniens.
J'ai grandi aux Samoa américaine dans une case traditionnelle où le sol était fait avec des coquillages et la toiture avec des feuilles de canne à sucre. J'ai enseigné dans des écoles dans des villages complètement reculés. J'étais hébergé par des pasteurs qui m'ont toujours accepté comme fa'afafine. On se respectait mutuellement.
Dans ma vie, mon enfance, j'ai très bien connu la vie traditionnelle polynésienne. Mais il faut aussi savoir que ma famille est très impliquée dans l'histoire de la colonisation des Samoa américaines. Certains étaient en faveur de la colonisation mais ont été trahis par le gouvernement américain. D'autres membres de ma famille étaient impliqués dans le mouvement de résistance et d'indépendance de notre pays. Certains ont été littéralement écrasés”, confie le réalisateur.
De cet état de fait, germe en Dan une nouvelle vision du monde, jusqu'alors restée très traditionnelle. “J'ai travaillé pour le conseil des arts et humanité aux Samoa mais dès que mon travail a été trop teinté politiquement, ils m'ont renvoyé. Depuis, je n'ai jamais plus travaillé pour le gouvernement des Samoa. Et maintenant quand je vais aux Samoa, je ne vais plus aux Samoa américaines mais aux Samoa indépendantes pour vivre ma vie d'artiste”, raconte le réalisateur de 100 tikis. “Mon film raconte en quelque sorte cette lutte dans ma vie contre le fait d'être effacé. C'est une manière de me libérer. J'exorcise mes démons en permanence et mon travail offense parfois les gens. Je ne veux pas choquer délibérément, je voulais juste faire quelque chose de drôle. Je le fais avec ma vision des choses. Et avec ma sensibilité de mahu.
Il ne faut pas oublier que les mahu, les raerae se prennent beaucoup de coups dans tous les sens du terme. Enfant, j'étais battu par mon père, parce qu'il ne voulait pas que je sois une fille. Quand on grandit, la seule chose qui nous protège c'est ta bouche et ton esprit. C'est comme cela que l'on survit”, a conclu l'homme au grand cœur. L'auteur du roman “Coconut milk” espère séduire le public avec son petit grain de folie. 100 tikis est, au final, un film sur la tolérance. Un film sur un autre “nous” Océanien.
Un film vertigineux présentant l'envers du décor de la carte postal parfaite. Pour mieux appréhender ce déluge d'information qu'est 100 tikis, il faut en premier lieu connaître le réalisateur. Originaire des Samoa américaine, Dan Taulapapa Mc Mullin est un touche à tout. “Je travaille sur divers supports, la peinture, l'écriture et ce film est parti d'un poème que j'ai écrit “Tiki manifesto”.
A cette époque j'habitais à Los Angeles et j'avais des amis qui étaient réalisateurs, acteurs, qui venaient de Nouvelle-Zélande. On passait beaucoup de temps ensemble. Mon amie réalisatrice travaillait sur un projet sur les “Tiki bars”, des bars qui sont remplis de tiki. Tout est parti de là”, raconte le réalisateur. Et de poursuivre : “Dans ce bar, on servait des cocktails dans des volcans. Les Américains étaient revenus de la Seconde guerre mondiale avec toutes ses images en tête et ont commencé à faire pleins de tiki bars. Le projet est né comme ça.”
Un poème couché sur papier, des bars à tiki à foison, Dan mène sa réflexion plus loin. Ce fils de pasteur entame plusieurs recherches de documentaires, de films, de dessins animés traitant de l'Océanie. L'artiste rédige un premier essai de ses recherches. Du crayon au pinceau, l'homme brosse sur une toile la version colorée de ses recherches. Laissant parler sa créativité, la toile se transforme en une œuvre d'art qu'il expose dans une galerie d'art de Los Angeles.
“C'est à ce moment-là, que je me suis dit, puisque mes œuvres parlent de films et de la représentation de l'Océanie, c'est peut-être un film que je devrais faire et c'était parti”, lâche Dan. Et le résultat est bluffant. Il heurte parfois certaines sensibilités. Certains se demandent par ailleurs pourquoi ces quelques coups de projecteurs sur les “raerae”, pourquoi tant de caricatures, de stéréotypes, d'Océaniens brisés, pourquoi tant d'informations dans un 52 minutes !
“Je dois peut-être être un peu fou (rires). C'était un choix délibéré de bombarder les gens d'informations, justement pour traduire peut-être le monde dans lequel on vit. On est nous-même bombardé d'informations et cette masse d'informations noie les voix indigène. On ne les entend plus”, persiste Dan. Entre décadence et cliché, certains Polynésiens peinent parfois à se reconnaître dans les images véhiculées. Pour Dan, le pari est gagné : “C'est bien là le sujet du film. Le sujet du film est bien qu'il ne s'agit pas de nous. Ce film ne parle pas de nous Océaniens.
J'ai grandi aux Samoa américaine dans une case traditionnelle où le sol était fait avec des coquillages et la toiture avec des feuilles de canne à sucre. J'ai enseigné dans des écoles dans des villages complètement reculés. J'étais hébergé par des pasteurs qui m'ont toujours accepté comme fa'afafine. On se respectait mutuellement.
Dans ma vie, mon enfance, j'ai très bien connu la vie traditionnelle polynésienne. Mais il faut aussi savoir que ma famille est très impliquée dans l'histoire de la colonisation des Samoa américaines. Certains étaient en faveur de la colonisation mais ont été trahis par le gouvernement américain. D'autres membres de ma famille étaient impliqués dans le mouvement de résistance et d'indépendance de notre pays. Certains ont été littéralement écrasés”, confie le réalisateur.
De cet état de fait, germe en Dan une nouvelle vision du monde, jusqu'alors restée très traditionnelle. “J'ai travaillé pour le conseil des arts et humanité aux Samoa mais dès que mon travail a été trop teinté politiquement, ils m'ont renvoyé. Depuis, je n'ai jamais plus travaillé pour le gouvernement des Samoa. Et maintenant quand je vais aux Samoa, je ne vais plus aux Samoa américaines mais aux Samoa indépendantes pour vivre ma vie d'artiste”, raconte le réalisateur de 100 tikis. “Mon film raconte en quelque sorte cette lutte dans ma vie contre le fait d'être effacé. C'est une manière de me libérer. J'exorcise mes démons en permanence et mon travail offense parfois les gens. Je ne veux pas choquer délibérément, je voulais juste faire quelque chose de drôle. Je le fais avec ma vision des choses. Et avec ma sensibilité de mahu.
Il ne faut pas oublier que les mahu, les raerae se prennent beaucoup de coups dans tous les sens du terme. Enfant, j'étais battu par mon père, parce qu'il ne voulait pas que je sois une fille. Quand on grandit, la seule chose qui nous protège c'est ta bouche et ton esprit. C'est comme cela que l'on survit”, a conclu l'homme au grand cœur. L'auteur du roman “Coconut milk” espère séduire le public avec son petit grain de folie. 100 tikis est, au final, un film sur la tolérance. Un film sur un autre “nous” Océanien.