Pour la soirée inaugurale de cette 14e édition du FIFO, c’est le président du jury qui a eu carte blanche. En passionné de culture et de voyages, Stéphane Martin s’est fait un plaisir de partager son regard sur le monde à travers trois documentaires.
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Trois films, trois pays, trois histoires… Stéphane Martin, président du musée du quai Branly, a été écclectique dans son choix pour sa soirée carte Blanche. Cet énarque passionné de culture et de voyages est resté dans la mission qu’il s’était donnée en arrivant à la tête du musée du quai Branly. Celle de montrer l’importance de l’art et des civilisations d’Afrique, d’Asie, d’Océanie et d’Amérique. Même si cette fois, le président du musée parisien s’est attelé à montrer des histoires de vies d’Asie et d’Océanie.
Sur la scène du Grand théâtre de la Maison de la culture, l’homme explique son choix devant un public certes peu nombreux mais attentif. Le premier raconte une Chine peu reluisante, poussiéreuse et pauvre.
Stéphane Martin dresse un tableau noir. L’homme de culture fera d’ailleurs la comparaison avec Le salaire de la peur, film de Henri-Georges Clouzot avec Yves Montand, sorti en 1953. « Ce film montre que la vie peut être très dure, confie une enseignante de 67 ans, assisse sur les strapontins du Grand théâtre, C'est très bien car il nous fait réfléchir sur notre manière de vivre aujourd'hui. Souvent, je rappelle à mes élèves la chance qu’ils ont de pouvoir aller à l’école ».
Ce documentaire tourné caméra au poing suit des Chinois travaillant dans l'industrie du charbon. Le public est embarqué à bord des camions avec ces travailleurs, au milieu des chantiers, au cœur des marchandages et des disputes. Parfois, le spectateur est étouffé par cette poussière noire omniprésente dans ce documentaire.
La vie est dure, l’argent rare, les situations précaires… « Dès le départ, on est plongé dans cette atmosphère. Il n’y a plus de distance entre nous et les personnages du film, on est avec eux, on vit avec eux », explique Teva, 53 ans. Pour cet aficionado du FIFO, il est important d’avoir ce genre de film au festival, surtout de nos jours où la Polynésie se tourne vers la Chine. « Cela permet aux Polynésiens de porter un autre regard sur la situation des Chinois ».
Le deuxième film de la soirée plonge le festivalier dans le monde du tatouage traditionnel japonais. Si Stéphane Martin justifie ce choix par une exposition réalisée au quai Branly, et l’intérêt des Polynésiens pour cette pratique, l’homme ne dit mot de sa curiosité concernant cet art. Lui-même est pourtant un adepte du tatouage : un marquisien au-dessus d'une cheville et un au bras, tahitien.
« Ici, on considère le tatouage comme un bijou, au Japon, le corps est juste un support », explique t-il. La voie de l’encre suit un Français fasciné par le Japon, qui est parti à Tokyo pour rencontrer le maître tatoueur Horitoshi, et se faire tatouer. On y apprend l’importance de la pratique ancestrale, les étapes pour espérer devenir un maître, celle pour se faire tatouer, ou encore l’aspect mauvais genre que le tatouage véhicule dans ce pays.
« Nous, nous avons les Tiki sur notre peau, eux ce sont les dragons. C’est leur culture », confie Ani 19 ans, étudiant à l’université de Polynésie française. Le jeune Marquisien est venu avec un ami, Marquisien lui aussi. « J’ai découvert un autre type de tatouage, ça nous ouvre l’esprit.
A travers ce film, on voit comment les Japonais voient leur tatouage. », explique de son côté Warren, 17 ans. Pour ce lycéen, une différence subsiste entre ces deux pratiques : « porter le tatouage est une fierté pour le Marquisien. Au Japon, c'est mal vu ». Hinapumaire, jeune conseillère juridique de 28 ans, elle, estime que l’approche est différente entre le pays du soleil levant, et le fenua. « Ils ont réussi à mieux conserver leurs traditions, nous, nous avons été influencés par l’extérieur. Et puis, ici, aujourd’hui, c’est devenu un business. Au Japon, ça reste un vrai processus, avec des étapes en plusieurs années. Le tatouage véhicule un patrimoine et raconte une personne ».
Le troisième et dernier film de la soirée est plus brut, parfois déroutant, souvent fascinant. Stéphane Martin a choisi ce film pour ramener les spectateurs au cœur de l’Océanie. Mais aussi pour l’écriture bien particulière du documentaire et de cette caméra dont on pourrait croire qu’elle est les yeux du réalisateur.
En réalité, "Eux et moi" raconte l’expérience d’un ethnologue, le réalisateur, dans un petit village de Nouvelle-Guinée. Tout est subjectif dans ce film de 62 minutes. On y découvre un homme qui apporte le marchandage, l’argent et qui apprend la langue, la culture, les comportements.
Chacun doit s’adapter à l’autre, non sans difficulté. Les rapports sont parfois distants, parfois intimes. Le spectateur évolue avec l’ethnologue et l’autre, cet inconnu. Puis, la confiance s’installe et les échanges se font moins méfiants. Ce film retrace l’histoire d’une rencontre.
« Ce sont des images rares. Même si on sait que ces tribus existent, on ne les voit jamais », confie Hélène, professeur de Yoga. La jeune femme de 28 ans a moins apprécié le rapport à l’argent entre l’ethnologue et ces papous. « Ca n’a pas amené que des bonnes choses ».
Danielle, 70 ans, est plus tranchée. « On leur a appris la duplicité à une vitesse grand V. Ce n’est pas mieux que ce qu’ont apporté les missionnaires ! », confie la septuagénaire, qui ne cache pas son malaise.
Linda, elle, est heureuse de voir des peuples vivre encore de cette manière, simple et authentique. « On revient en arrière, du temps de nos ancêtres, ça ravive nos mémoires ».
Une autre vision
Sur la scène du Grand théâtre de la Maison de la culture, l’homme explique son choix devant un public certes peu nombreux mais attentif. Le premier raconte une Chine peu reluisante, poussiéreuse et pauvre.
Stéphane Martin dresse un tableau noir. L’homme de culture fera d’ailleurs la comparaison avec Le salaire de la peur, film de Henri-Georges Clouzot avec Yves Montand, sorti en 1953. « Ce film montre que la vie peut être très dure, confie une enseignante de 67 ans, assisse sur les strapontins du Grand théâtre, C'est très bien car il nous fait réfléchir sur notre manière de vivre aujourd'hui. Souvent, je rappelle à mes élèves la chance qu’ils ont de pouvoir aller à l’école ».
Ce documentaire tourné caméra au poing suit des Chinois travaillant dans l'industrie du charbon. Le public est embarqué à bord des camions avec ces travailleurs, au milieu des chantiers, au cœur des marchandages et des disputes. Parfois, le spectateur est étouffé par cette poussière noire omniprésente dans ce documentaire.
La vie est dure, l’argent rare, les situations précaires… « Dès le départ, on est plongé dans cette atmosphère. Il n’y a plus de distance entre nous et les personnages du film, on est avec eux, on vit avec eux », explique Teva, 53 ans. Pour cet aficionado du FIFO, il est important d’avoir ce genre de film au festival, surtout de nos jours où la Polynésie se tourne vers la Chine. « Cela permet aux Polynésiens de porter un autre regard sur la situation des Chinois ».
Un art commun
Le deuxième film de la soirée plonge le festivalier dans le monde du tatouage traditionnel japonais. Si Stéphane Martin justifie ce choix par une exposition réalisée au quai Branly, et l’intérêt des Polynésiens pour cette pratique, l’homme ne dit mot de sa curiosité concernant cet art. Lui-même est pourtant un adepte du tatouage : un marquisien au-dessus d'une cheville et un au bras, tahitien.
« Ici, on considère le tatouage comme un bijou, au Japon, le corps est juste un support », explique t-il. La voie de l’encre suit un Français fasciné par le Japon, qui est parti à Tokyo pour rencontrer le maître tatoueur Horitoshi, et se faire tatouer. On y apprend l’importance de la pratique ancestrale, les étapes pour espérer devenir un maître, celle pour se faire tatouer, ou encore l’aspect mauvais genre que le tatouage véhicule dans ce pays.
« Nous, nous avons les Tiki sur notre peau, eux ce sont les dragons. C’est leur culture », confie Ani 19 ans, étudiant à l’université de Polynésie française. Le jeune Marquisien est venu avec un ami, Marquisien lui aussi. « J’ai découvert un autre type de tatouage, ça nous ouvre l’esprit.
A travers ce film, on voit comment les Japonais voient leur tatouage. », explique de son côté Warren, 17 ans. Pour ce lycéen, une différence subsiste entre ces deux pratiques : « porter le tatouage est une fierté pour le Marquisien. Au Japon, c'est mal vu ». Hinapumaire, jeune conseillère juridique de 28 ans, elle, estime que l’approche est différente entre le pays du soleil levant, et le fenua. « Ils ont réussi à mieux conserver leurs traditions, nous, nous avons été influencés par l’extérieur. Et puis, ici, aujourd’hui, c’est devenu un business. Au Japon, ça reste un vrai processus, avec des étapes en plusieurs années. Le tatouage véhicule un patrimoine et raconte une personne ».
La rencontre
Le troisième et dernier film de la soirée est plus brut, parfois déroutant, souvent fascinant. Stéphane Martin a choisi ce film pour ramener les spectateurs au cœur de l’Océanie. Mais aussi pour l’écriture bien particulière du documentaire et de cette caméra dont on pourrait croire qu’elle est les yeux du réalisateur.
En réalité, "Eux et moi" raconte l’expérience d’un ethnologue, le réalisateur, dans un petit village de Nouvelle-Guinée. Tout est subjectif dans ce film de 62 minutes. On y découvre un homme qui apporte le marchandage, l’argent et qui apprend la langue, la culture, les comportements.
Chacun doit s’adapter à l’autre, non sans difficulté. Les rapports sont parfois distants, parfois intimes. Le spectateur évolue avec l’ethnologue et l’autre, cet inconnu. Puis, la confiance s’installe et les échanges se font moins méfiants. Ce film retrace l’histoire d’une rencontre.
« Ce sont des images rares. Même si on sait que ces tribus existent, on ne les voit jamais », confie Hélène, professeur de Yoga. La jeune femme de 28 ans a moins apprécié le rapport à l’argent entre l’ethnologue et ces papous. « Ca n’a pas amené que des bonnes choses ».
Danielle, 70 ans, est plus tranchée. « On leur a appris la duplicité à une vitesse grand V. Ce n’est pas mieux que ce qu’ont apporté les missionnaires ! », confie la septuagénaire, qui ne cache pas son malaise.
Linda, elle, est heureuse de voir des peuples vivre encore de cette manière, simple et authentique. « On revient en arrière, du temps de nos ancêtres, ça ravive nos mémoires ».