Tous les jours, mama Agnès, 89 ans, s'occupe à récupérer des tiges de niau qui servent à fabriquer des balais.
C’est à l’âge de 17 ans qu‘elle est arrivée dans le village de Orofara, un lieu où étaient regroupées une centaine de personnes atteintes de la lèpre. Un peu mise à l’écart, mama Agnès s’en souvient encore : "Je venais de Aratua, j'ai eu une fille et c'est à ce moment-là que la maladie a été détectée. Du coup ma fille aussi a attrapé cette bactérie".
Depuis 1998, Jean-Marie Tamati fait partie de l’association te Ui taurea no Orofara. Il vient en aide à ces personnes malades mais avoue que depuis quelques années, ce sont les grands oubliés des œuvres caritatives. "Nous n'avons plus de contaminations dans notre village, il reste 4 malades : un couple et deux femmes veuves. En 1998, quand je suis arrivé, les malades avaient droit aux repas midi et soir, je ne sais pas pourquoi ça s'est arrêté", se demande-t-il.
Les 10 nouveaux cas ont été détectés un peu partout en Polynésie, des personnes diagnostiquées et suivies par les médecins car elles restent contagieuses pour leur entourage. "Les symptômes sont faciles [à voir] : vous avez une tache sur la peau, qui est insensible au chaud, au froid, à la douleur, allez consulter un médecin. C'est peut-être la lèpre. Toutes les personnes qui ont cette maladie avec la forme contagieuse présentent un risque de contagiosité pour leurs proches et leur famille. Notre objectif est de traiter ces personnes, et détecter autour d'elles s'il y en a d'autres pour les traiter préventivement, ce qui permet de réduire de moitié le risque de maladie", explique
le docteur Lam Nguyen, médecin épidémiologiste à l’hôpital de Taaone.
La lèpre, une maladie qui sévit encore en Polynésie, une maladie bactérienne difficile à détecter rapidement car elle a un temps d’incubation qui peut aller jusqu’à 10 ans avant qu’elle ne se déclare.