La commission d'information, composée de représentants de l'État et d'organismes locaux s'est rendue à Moruroa hier pour vérifier l'état de radioactivité des sols terrestres et marins de l'atoll. Selon les données récoltées, les niveaux de radioactivité sont très faibles (0,10 bq.kg-1 alors que le niveau maximal admissible est de 1250).
François Bugaut, délégué à la sûreté nucléaire de défense, parle de gestion « exemplaire » : « À ma connaissance, nous sommes le seul pays au monde à gérer les choses comme cela. Je pense que collectivement on doit en être fiers. »
Mais 25 ans après le dernier essai nucléaire, la nature qui reprend ses droits n’est qu’illusion. Le plutonium subsiste dans les entrailles de l’île, mais aussi à sa surface.
À Moruroa, on procédait aux essais nucléaires sous marins, à 900m de profondeur, mais aussi a des essais de sécurité : « Ça consistait à faire détonner l'explosif chimique d'une arme, sans dégagement nucléaire [...] Il y a eu 15 expériences de ce type : 5 sur des tours en aérien, et 10 dans le sol. Les 5 aériennes ont donné lieu à une dispersion du plutonium. [...] Il reste encore quelques kilogrammes de plutonium qui sont dispersés et qui ne sont pas récupérables. »
À cela s'ajoute la matière radioactive, résiduelle des essais de profondeur. Une importante quantité de matières radioactives contenue dans le basalte et qui ne devrait pas s'en échapper selon le spécialiste.
Lena Normand première vice présidente de l'association 193 effectuait son premier déplacement à Moruroa. Elle découvre les failles engendrées par les vibrations des essais. 3 zones de la zone Nord de l’atoll sont fragilisées. Les capteurs sismiques du système de surveillance TelSit ne suffisent pas à rassurer la militante : « On ne peut pas oublier que tout a démarré ici il y a 55 ans. On ne peut pas oublier toutes les familles qui sont décédées [...] L'État cherche à nous faire tourner la page. Comment tourner la page après toutes ces années de doutes. Ce qui conduit l'association ce sont vraiment les victimes. »