À quelques mois des jeux olympiques, la destination Tahiti bat déjà tous les records. Après la crise de 2008, puis les années Covid, le secteur n’avait pas connu une telle embellie. Le précédent record de 2019 a donc été dépassé, il s'établissait à 236.642 touristes. Le coprésident du conseil polynésien de l'hôtellerie, Christophe Guardia, l'explique par la conjonction de plusieurs facteurs :
« D'abord, ce sont les gens qui avaient envie de voyager (après la période Covid), ce sont ceux que l'on appelle les "revenge travel". Le fait aussi que, quand les gens réservaient en 2022, leur séjour pour l'année 2023, toutes les destinations du monde n'étaient pas ouvertes. Le haut niveau du dollar, une desserte aérienne variée et importante, et un réceptif qui était capable d'accueillir tous ces clients-là, donc tous ces évènements-là ont fait que 2023 étaient une année excellente.»
Selon les premiers indicateurs, 2024 ne sera pas aussi florissante. L’élection présidentielle qui se profile favorise le recul du marché américain. Air Tahiti, constate déjà un retard de réservations. Le volume de touristes ne fait pas tout : 2023 restera une année en demi-teinte pour la compagnie domestique historique. Avec la concurrence maritime et l’arrivée d’Air Moana, conjuguées à l’inflation mondiale, la compagnie déplore une perte nette de deux milliards de francs.
Elle ne renonce pas pour autant à ses investissements. De nouveaux sièges, le wifi, des écrans, des jeux... voici comment elle compte convaincre ses clients. De nouveaux avions permettront de développer de nouveaux marchés comme la destination Maupiti, aux îles sous le vent.
Edouard Wong Fat, directeur général délégué d'Air Tahiti, précise que : « Ces prochains avions, que l'on appelle les ATR42 STOL (short take-off and landing), sont en cours de certification, ils arriveront en 2026 et 2027. Et l'idée derrière cette décision d'investissement c'est précisément d'avoir une desserte de l'île de Maupiti, qui soit beaucoup plus efficace. Puisque justement aujourd’hui on a d'énormes contraintes d'exploitation, qui nous interdisent de desservir Maupiti avec une pleine capacité de fret et de passagers. »
Grands hôtels ou pensions de familles, tous se rejoignent sur un point. Oui à une variété d’hébergements, à condition de répartir les aides fiscales de manière équitable et de réglementer les logements de type Airbnb.
Il faudra aussi diversifier les marchés émetteurs, car pour l’instant, 90 % des clients viennent des Etats Unis et d’Europe, comme le souligne Mélinda Bodin, présidente de l'association du tourisme authentique: « Notre secteur à nous c’est l’Europe. Et dans l'Europe, c'est la France. Les Français aiment la Polynésie, ce sont les premiers touristes pour nous, qui viennent et qui restent longtemps. Parce qu'en plus ils ont des enfants ici ou des petits enfants. Mais ils reviennent. Pour l'instant les Allemands ne sont pas encore revenus, les Espagnols et les Italiens non plus, mais ça revient doucement. On a plus les Japonais, on a plus les Asiatiques, on est en train de revoir ces touristes-là. »
Selon les professionnels, sable blanc, lagon et cocotiers ne suffisent plus. Les valeurs de partage et d’authenticité resteront toujours le point fort de la destination Polynésie.