Sa victoire est saluée même par les médias nationaux. Tematai Legayic est devenu le plus jeune député de la République à seulement 21 ans. Il bat ainsi le record de la nièce de Marine Le Pen, en 2012, quand à 22 ans, Marion Maréchal s’était imposée dans la 3e circonscription du Vaucluse, à Carpentras, relève le Monde.
Mais samedi, sa performance a tenu surtout au fait qu'il a rattrapé son retard face à Nicole Bouteau, candidate du Tapura et arrivée largement en tête lors du 1er tour des législatives dans la 1ère circonscription. "Il termine avec un total de 19 523 voix (50,88%) - soit une progression de plus de 13 000 voix - et triple ainsi son score", note le site de BFMTV. Au final, il devance de quelques centaines de voix sa rivale (49,12%).
Appel au gouvernement
C'est suffisant pour qu'il devienne le 3e député indépendantiste qui représentera la Polynésie française au Palais Bourbon. Et dès ce soir avec ses deux collègues tout comme lui fraîchement élus, il doit prendre l'avion direction la capitale de la France. "Je suis ému parce que je regarde le travail qu'on a à faire", disait-il sur notre antenne. Un travail qu'il souhaiterait accomplir avec le gouvernement Fritch. "Même si nous ne sommes pas du même bord politique...nous avons un même pays à construire, et j'appelle le gouvernement à s'aligner et à aller à Paris ensemble défendre les projets des Polynésiens".
L'appel sera-t-il entendu alors que dans le même temps, le leader indépendantiste Oscar Temaru incite Edouard Fritch à démissionner ?
A Paris, le jeune député de la première circonscription de Polynésie siègera dans les rangs de la Nupes, la principale force d'opposition à la majorité présidentielle.
Né en 2000 à Papeete, il a grandi à Tubuai, puis à Tahiti. Il a obtenu une double licence en sciences politiques et en histoire à l'université Paris 8 Vincennes-Saint Denis, avant d'intégrer un master de recherches en sciences politiques à l'Ecole des hautes études en sciences sociales (EHESS), suspendu pour mener campagne en Polynésie.
Lors de ses études, il a présidé l'Association des étudiants de Polynésie française (AEPF) puis la Fédération des associations des étudiants de Polynésie française (FAEPF). Il a ainsi lutté contre la précarité étudiante et défendu l'accès à la culture à travers des cours de tahitien et de danse polynésienne.
"Préparer l'indépendance"
Il milite aussi pour l'adaptation des études supérieures aux réalités polynésiennes et pour la protection de l'environnement.
Excellent orateur en français comme en tahitien, il a plusieurs fois été primé lors de concours de déclamation et de danse tahitienne. Il a également dirigé un groupe de chant traditionnel.
L'accession à la pleine souveraineté de la Polynésie française constitue le socle de son engagement politique. Il souhaite aussi protéger l'emploi local et la terre, ainsi que proposer une citoyenneté maohi.
A la question de savoir si son objectif était d'aller vers l'indépendance, hier soir il a répondu que "non, c'est de la préparer !"