La lumière est allumée au QG du A Here Ia Porinetia (AHIP). Les membres du parti discutent depuis 17h30, ce mardi. S'allier ou pas dès le premier tour avec les autres partis autonomistes, c'est toute la question... Nicole Sanquer est au pupitre et il faut qu'elle mette d'accord la soixantaine de membres engagés qui l'écoutent avec attention. "C'est compliqué" disent les militants. La porte s'ouvre et se referme, pause cigarette entre deux applaudissements à l'intérieur de la salle...
La dissolution de l'Assemblée nationale et l'annonce de nouvelles législatives sont l'occasion rêvée pour les autonomistes de revenir dans le jeu, après la victoire des trois députés indépendants en avril 2022. L'union est-elle la meilleure méthode pour gagner les élections ? Oui pour Edouard Fritch, "il n'est plus temps de se compter" a-t-il affirmé plus tôt dans la matinée.
Nicole Sanquer candidate, un suppléant à trouver
De possibles alliances politiques se dessinent. Mais le AHIP hésite. "Moi je ne veux pas qu'on m'associe au Tapura ou au Amuitahiraa" lance Christopher Marty, membre du parti. S'ils sont issus de la même famille politique, beaucoup de désaccords perdurent entre les partis autonomistes : le Tapura Huiraatira présidé par Edouard Fritch, le Amuitahiraa O te Nunaa Maohi mené par Gaston Flosse, le Ia Ora te Nunaa de Teva Rohfritsch et le A Here Ia Porinetia.
Au bout de trois heures, le conseil politique clôt son vote : "A Here Ia Porinetia présentera un candidat, qui est moi-même - Nicole Sanquer- sur la circonscription 2. Je dois trouver un suppléant A Here Ia Porinetia" mais c'est bien "un ticket 100 % A Here Ia Porinetia qui a été retenu pour la circonscription 2. Pour les autres circonscriptions, c'est l'autonomie." Pas une "alliance" à proprement parler donc pour Nicole Sanquer mais une même voix, un accord autonomiste, dans lequel chacun "garde son identité."
Les calculs ne sont pas bons pour Gaston Flosse
Mardi soir, Gaston Flosse aussi réunit son conseil politique au quartier général du Amuitahiraa à Papeete. Interrogé sur le positionnement du A Here Ia Porinetia, il répond agacé : "à trois reprises, ils nous ont dit non. Un coup c'est oui, un coup c'est non..."
Le vieux Lion n'avait pas inclus le AHIP dans ses calculs, après les rencontres avec Edouard Fritch ce mardi matin. "Il y avait deux propositions. La première : deux candidats pour Edouard Fritch et un pour nous. La deuxième : un candidat chacun. Un pour Edouard Fritch, un pour Teva Rohfritsch et un pour nous. C'est tout. Ce matin, on n'a pas du tout parlé de Nicole. D'où ça sort ça ?!" lâche-t-il, surpris.
Edouard Fritch, jusque-là suspendu à la décision de ses "partenaires autonomistes", doit rencontrer Nicole Sanquer mercredi 12 juin. En fonction de ce nouvel "accord", il reviendra aux autres partis autonomistes de proposer leurs candidats dans la circonscription 1 et 3. Les noms de Naumi Mihuraa et Moerani Frébault circulent déjà.
Quoi qu'il en soit, Nicole Sanquer a indiqué qu'elle soutiendrait "l'autonomie." De son côté, le Te Nati d'Eric Minardi a annoncé soutenir le AHIP. "Cela ne nous contraint pas, en cas de victoire à l'Assemblée nationale, à rejoindre les rangs du Rassemblement National. En cas de victoire, on se positionne au centre, pas dans la majorité présidentielle, pas dans le RN" a assuré Nicole Sanquer.
Le Tavini doit-il s'inquiéter de cette entente autonomiste ? "Cela ne m'inquiète pas" a déclaré le député sortant, Steve Chailloux, sur notre antenne radio lundi. "Et puis, je ne suis pas surpris. Je pense qu'ils rencontrent le Tapura depuis un certain nombre de mois maintenant, dans leur velléité de monter une plateforme commune entre eux, les anciens copains et les nouveaux copains. C'est le jeu politique, tout un chacun est responsable de sa chapelle et chacun garde ses stratégies personnelles" a-t-il commenté.