A Moorea, la réinsertion pour réduire la délinquance

Moorea, une île paisible en apparence, mais qui est aussi touchée par le phénomène de délinquance.
Lutter contre les trafics de stupéfiants, ou contre toute forme de délinquance…c’est un combat quasi quotidien des municipalités. Les agressions physiques dans la rue ont augmenté de 15% en Polynésie, en 2021 par rapport à 2019. A Moorea, commune et associations occupent le terrain pour tenter d’y mettre fin, et préserver l’ordre public. La solution : réinsérer les jeunes délinquants.

 Alfred a un passé de délinquant. D’ailleurs, à 42 ans, il n’a pas fini de rembourser pour tous les vols et agressions qu’il a commis au cours de sa jeunesse. Il a commencé avec un refus d’obtempérer : à 11 ans, alcoolisé, il a pris le scooter familial et refusé de s’arrêter face aux forces de l’ordre. 
Il a multiplié les délits jusqu’à ses 18 ans, jusqu’à ce qu’il soit papa.

Plusieurs séjours à l’association Arii Heiva Rau – Francas lui sont imposés, et cet enfant terrible, sans diplôme, change de comportement et décroche même des emplois pour rembourser en partie ses dettes.

Dans sa jeunesse, Alfred était un délinquant. Avec le temps, il a beaucoup changé.

Mais suite à un AVC, il devient invalide pour le travail. Aujourd’hui il veut seulement être en paix avec tout le monde. "Ma femme me demande toujours d'aller voir la personne que j'avais agressée, ou avec qui j'avais des problèmes, juste pour aller voir, pour me faire pardonner", avoue Alfred Tehau, résident de Papetoai et ancien délinquant.

En tant que parent, une de ses satisfactions est que ses enfants ne suivent pas son chemin. Son parcours est une fierté pour l’association qui l’a recueilli. 

L’association Arii heiva Rau – francas aide les jeunes délinquants à se réinsérer.

La notoriété de l’association a grandi, et de nouveaux membres ont rejoint les maigres effectifs de départ. Des bénévoles qui s’intéressent vraiment aux délinquants. 

D’autres enfants sont allés vers cette association sans avoir eu de démêlés avec la justice. Issus de familles modestes, ils ont pu profiter des différents outils, activités et bénévoles mis à leur disposition. Aujourd’hui certains sont heureux de pouvoir dire qu’ils travaillent avec des représentants de l’assemblée de Polynésie.

Les membres de l’association sont très fiers d’annoncer, que même sans le soutien de la commune, ils parviennent à réinsérer 80 % des jeunes qui viennent les voir et leur demandent de l’aide.

Mutoi et gendarmes font leur travail, mais ne peuvent pas être partout.

Ce mardi, à l’invitation du maire de Moorea-Maiao, Evans HAUMANI, le haut-commissaire de la République, Eric SPITZ, a procédé à l’installation du Conseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) de la commune, en présence du représentant du président de la Polynésie française, le ministre en charge de la Jeunesse et de la prévention de la délinquance, Naea BENNETT et du procureur de la République, M. Hervé LEROY.

Ecoutez le reportage de Gilles Tautu :

Présidé par le maire, le CLSPD constitue l'organe de concertation qui définit les priorités de la lutte contre l'insécurité et de la prévention de la délinquance à l’échelle communale.

LeConseil local de sécurité et de prévention de la délinquance (CLSPD) est désormais installé à Moorea.