Abstinence sexuelle et autres mythes sur la performance physique

Image d'illustration.
Dans ce contexte de concours du Heiva, plusieurs danseurs confient s’abstenir pour être au top de leur forme lors des spectacles. Si aucune étude scientifique ne le prouve vraiment, les athlètes comme les danseurs, préfèrent généralement éviter les rapports sexuels avant les grandes compétitions pour être plus performants. D’autres croyances autour de la pratique sportive ont également la peau dure concernant la drogue par exemple…alors mythes ou réalités ? On a fait notre petite enquête.

Le sexe diminue-t-il les performances physiques ? “C’est une question que les sportifs nous posent souvent, on leur dit qu’ils peuvent avoir une activité sexuelle normale” répond le docteur Olivier Matarese, spécialisé en médecine du sport.

Entre science et réalité

Si aucun lien entre la testostérone et le sport n’a encore été scientifiquement établi, Pascal Vahirua confirme pourtant cette idée reçue. Icône du football Polynésien et premier Tahitien à avoir intégré l’équipe de France, il a préféré modérer son activité sexuelle après une mauvaise expérience. “Pour l’avoir vécu : c’est problématique. Il peut y avoir des problèmes de claquages, une influence sur la récupération, la préparation, les entraînements, la course” décrit-il. 

Certains danseurs professionnels qui participent au Heiva cette année, parlent de “faiblesse dans les jambes.” L’un d’entre eux, qui concourt au titre de meilleur danseur, nous l’a confié anonymement ; il a choisi de s’abstenir pendant un mois avant le spectacle : “j’avais besoin de toute mon énergie pour être vraiment en forme car le ori Tahiti d’aujourd’hui n’est plus celui d’antan, il est plus technique, plus physique. Mais je pense que c’est pareil pour tous les athlètes.” 

Effectivement, dans le monde du va’a, discipline populaire au Fenua, les rameurs appliquent aussi cette règle. “Cela m’est déjà arrivé de m’abstenir avant une course importante et j’ai vu que j’avais de meilleures performances physiques !” observe un jeune aito de l’équipe de Shell va’a, qui souhaite lui aussi garder l’anonymat. 

Mais le Docteur Matarese nuance : “il n’y a pas de problème. Les athlètes peuvent avoir une activité sexuelle régulière mais ‘non-acrobatique’. Il ne faut pas qu’ils se mettent à le faire toute la nuit la veille d’une compétition parce-que cela va les fatiguer. C’est surtout par rapport à l’insomnie.” À chacun donc de décider en fonction de son expérience et de ses sensations. Une chose est sûre : le sommeil, lui, est primordial pour rester en forme…

À propos des drogues 

Autre idée reçue : le cannabis et la méthamphétamine augmenteraient les performances physiques.

La première drogue parce-qu’elle apaiserait et la seconde parce-qu’elle stimulerait. Alors vrai ou faux ? Avant toute chose, rappelons que l’usage de ces deux substances est illégal. Elles sont classées parmi les produits dopants interdits aux sportifs. 

Selon le Docteur Matarese, “le cannabis peut avoir certaines vertus dans des disciplines où il faut être détendu, car il diminue le stress. Par contre, sur des disciplines où on va te demander des efforts de concentration importants, des temps de réaction, ou de l’endurance : là, cela va avoir des effets délétères.” Le rameur que nous avons interrogé confirme effectivement que plusieurs sportifs de son entourage utilisent le cannabis après les compétitions, dans l’unique but de se détendre. “D’après eux, cela permet de mieux dormir et de mieux récupérer pour enchaîner.”

Le problème c’est que, même si le cannabis est consommé en dehors des compétitions, le TetraHydroCannabinol (THC) - le principe actif du cannabis - reste décelable dans les urines 3 à 4 jours après la dernière consommation pour un usage occasionnel et de 30 à 70 jours pour un usage régulier.

“Pour les drogues plus dures, il y en a aussi [qui en consomment], d’où les tests mis en place par la fédé. Effectivement, cela peut jouer sur l’effort” ajoute le rameur. Dans le monde du sport Tahitien, ce n’est pas nouveau, certains athlètes consomment de l’ice pour être “en forme.” À court terme, peut-être…mais à long terme, les effets sont destructeurs. “Il ne faut pas s’étonner si, sur le terrain, il y a des problèmes cardiaques…c’est incompatible avec le sport. Comme l’alcool ! Je m’en suis privé pendant des années pour atteindre mes objectifs” raconte Pascal Vahirua.

De son côté, le docteur Matarese est formel à ce sujet : “les drogues augmentent-elles les performances sportives ?  la réponse est non ! Il y a trop de risques sur la santé : troubles cardiaques, des AVC…ces drogues ont tellement de risques sur la santé qu’il ne faut pas du tout les consommer.” 

Les athlètes et le médecin conseillent surtout de boire beaucoup d’eau, de dormir au moins 8 heures par nuit et de s’alimenter correctement. “On n’est pas des machines, si on ne prend pas soin de son corps, on n’atteint pas ses objectifs !” conclut le footballeur.