C’est par les médias que les élus de la majorité ont appris la nomination de Yan Jambet, comme directeur de l’Office polynésien de l’habitat. Ce n’est pas sa personne qui est en cause, mais plutôt sa condamnation au civil qui lui porte préjudice. La polémique enfle même au sein de la majorité. "On laisse toute latitude au président de prendre ses décisions de nomination, mais lorsque les décisions qui sont prises sont quelque peu malmenées avec les règles d'éthique du parti, il est tout à fait normal que le groupe majoritaire à l'assemblée d'abord et ensuite le comité directeur du parti se lèvent pour poser des questions et avoir des réponses sur ces décisions prises qui ne sont pas conformes à l'éthique du parti", estime Antony Géros, président de l'assemblée de Polynésie et vice-président du Tavini.
"Des points de divergence"
Yan Jambet est aux commandes de l’OPH depuis seulement 14 jours et sa nomination divise le groupe Tavini Huiraatira, constate Nicole Sanquer. Pour la représentante de A Here ia Porinetia, la probité tant prônée par le parti bleu ciel est remise en cause. "On voit que c'est un sujet qui divise le Tavini aujourd'hui, et il est vrai que la nomination de Yan Jambet montre qu'au Tavini on ne tienty pas son engagement vis à vis de la probité qu'on demande non seulement aux élus mais aussi aux chefs d'établissement [public]. C'est une affaire qui prend des tournures aujourd'hui et qui va se régler avec le retour du président du Pays...Je pense qu'ils sont quand même très solidaires entre eux, mais il doit y avoir des points de divergence. Ce que je trouve regrettable c'est que ça passe par la presse pour exprimer ces divergences alors que moi qui aujourd'hui gère un parti, en général ce genre de désaccords se règle en comité de majorité, en conseil politique et non pas via les médias", remarque Nicole Sanquer.
"Qui dirige ce Pays ?"
Tepuaraurii Teriitahi, représentante Tapura Huiraatira à l'assemblée de Polynésie, a adressé une question écrite au président du Pays. Elle s’interroge sur l’obstination de Moetai Brotherson à nommer Yan Jambet. Mais aussi sur la gestion du Pays. "Je pense aujourd'hui que la situation est sur un autre plan, beaucoup plus politique parce qu'on a un président de la Polynésie qui nomme un directeur d'établissement public, c'est sa prérogative. Mais à côté de ça on a une majorité à l'assemblée de Polynésie et dans leur conseil politique qui lui demandent démettre ce monsieur. Que va faire le président ? L'autre question est : qui dirige ce pays ? Est-ce que le président va maintenir sa décision ou va-t-il se plier à celle de sa majorité et du président historique Oscar Temaru ? D'où la vraie question : qui dirige ce pays ? Et c'est cette question qu'il y a derrière cette situation", se demande la représentante Tapura, "quand je vois la mobilisation au sein de l'assemblée, j'aurais tendance à dire que c'est le président historique qui a plus de poids".
Selon nos informations, Yan Jambet aurait déposé sa démission. Une affaire qui risque de diviser encore plus la majorité.
Le reportage de Laina Tetuanui :