Affectation des enseignants polynésiens au fenua : un retour encore aléatoire

Les jeunes enseignants polynésiens sont encore peu nombreux à revenir au fenua.
Ils ont passé leurs diplômes et concours en métropole. Bien souvent, leur souhait est de revenir enseigner au fenua. Si pour quelques un(e)s, leur voeu est exaucé, pour d'autres le chemin du retour s'annonce plus difficile : en Polynésie les places sont chères et la concurrence rude.

Kumuhei Ariiotima est aux anges. La jeune femme de 23 ans professeur d’EPS à Lyon, enseignera dans quelques jours au lycée Paul Gauguin. Le rêve pour Kumuhei passionnée de danse tahitienne et très attachée à sa famille. "J'ai fait mon année de titularisation en France, j'ai réussi le concours du CAPEPS l'an dernier, j'ai été nommée dans l'académie de Lyon. Cette année j'ai fait ma demande pour revenir au fenua, et grâce à l'aide du gouvernement j'ai pu obtenir mon poste facilement. Et ça c'est une bonne nouvelle pour les locaux qui peuvent justement prétendre à passer les concours et revenir. C'est une chance, vraiment, parce qu'il y a quand même beaucoup de Métropolitains qui demandent à venir enseigner ici", confie la jeune femme.

Les demandes d'affectation en Polynésie étant nombreuses, la concurrence est rude pour les enseignant(e)s originaires du fenua.

Comme c'est le cas pour Kumuhei, Médison Tetuaitera’i et Rose Taputuara’i, professeurs de mathématiques, seront affectées au collège de Afareaitu à Moorea pour la première et au lycée de Bora-Bora à nunue pour la seconde. "Je suis allée en métropole pour 2 ans de master, et j'ai passé le concours à Montpellier. Maintenant que je suis néo-titulaire je suis envoyée au lycée de Bora. [Y'a-t-il davantage de Polynésiens diplômés dans l'enseignement secondaire ?] Surtout en mathématiques on est beaucoup de jeunes diplômés ! [Les places sont-elles chères en mathématiques ?] Oui, totalement, on a eu beaucoup de mal à revenir ici mais heureusement on a pu nous ramener, merci du coup au gouvernement. Oui, c'était difficile", avouent ces jeunes profs.

Intervention du gouvernement

La mise à disposition de ces enseignantes polynésiennes au fenua fraîchement diplômées a été possible grâce au dernier dispositif instauré par le gouvernement, explique le ministre de l’Education Ronny Teriipaia. "L'an dernier, on a mis en place ce qu'on appelle des "attaches polynésiennes", ça n'existait pas avant. Donc en fonction des attaches attribuées, ils peuvent avoir un certain nombre de points et ça leur permet justement d'être en avance par rapport à certains mis à disposition venant de l'Hexagone. C''est ce qui a permis d'en ramener certains au fenua. C'est très réjouissant pour eux d'abord, et pour le Pays", explique Ronny Teriipaia.

Mais pour 8 lauréats stagiaires, la situation est moins réjouissante. Leur affectation en Polynésie n'est pas validée par l'Etat, alors que des postes sont disponibles, assure le ministre de l’Education en attente d'un arbitrage politique en leur faveur.

A 8h00 ce mercredi à l’Institut national supérieur du professorat et de l’éducation situé au campus d’Outumaoro, ces enseignants, accompagnés de leur famille, devaient rencontrer le vice-recteur pour un premier contact avec les partenaires institutionnels.

Possible révision d'affectation

Le ministre de l'Education Ronny Teriipaia a annoncé aux futurs enseignants que le président Moetai Brotherson avait interpellé le président Emmanuel Macron à leur sujet. En milieu de matinée, les diplômés ont reçu un appel les invitant à une réunion à la présidence à 14 heures pour évoquer leur possible révision d'affectation... A défaut, peut-être qu'une solution leur sera proposée pour prendre en charge leurs frais de voyage vers la France. Ils devraient être fixés sur leur sort ce mercredi après-midi.