Agression à la cathédrale : les portes restent closes, la réflexion sur les SDF toujours ouverte

Après avoir décidé de fermer les portes de la cathédrale en dehors des offices religieux, le père Christophe n'en démord pas après l'agression par un SDF hier sur la personne d'un sacristain. 

Il s'en remet aux autorités locales pour assurer la sécurité de l'édifice s'il devait à nouveau rouvrir ses portes au public : 

Aujourd'hui, une de nos équipes a retrouvé le SDF impliqué dans cette agression. Sa version diffère de celle de Père Christophe. Selon le jeune homme, qui était accompagné de ses deux chiots hier, le sacristain se serait montré virulent à son égard dans la cathédrale qu'il venait de quitter pour "voir mes amis. Lui quand il est arrivé, vers midi-13h, il est arrivé et prend mes affaires, il les jette dans la m..., sans dire de venir les chercher, de les laisser dehors. Non, il vient, les prend et les jette dans la m..., il prend aussi mes deux chiens et les jette aussi dans la m.... Pour moi, il nous a pris pour des chiens, pas pour des humains. S'il nous prend pour des chiens, il faut le dire !", s'agace-t-il, "nous on voit la violence tous les jours, mais on n'aime pas la violence, je suis un ancien prisonnier. Je tapais sur les gens. Cela fait 3 ans que je suis sorti, je n'ai rien fait, jusqu'à maintenant. Je suis gentil : 3 ans sans violence !...S'il était à ma place et que je lui jette ses affaires dans la m..., il ne serait pas content. Où va-t-il dormir ?"

Pour l'instant, plus personne, notamment les SDF, ne peut entrer dans la cathédrale en dehors des heures dédiées au culte.

A la mairie de Papeete, qui a été destinaire du courrier envoyé hier par Père Christophe relatant l'agression du sacristain et la fermeture de la cathédrale, cette situation nouvelle pourrait déboucher sur un réglement du problème de cohabition des SDF avec les autres habitants de Papeete.

Plusieurs pistes

"C'est peut-être une solution qui va nous permettre d'aller au fond du problème. La cathédrale appartient à tout le monde, c'est un monument très visité, un lieu de paix...Ce n'est plus tout à fait le cas depuis quelque temps. On est très présent sur tous les lieux où effectivement il y a des risques de débordement parce qu'il y a des attroupements de personnes sans domicile fixe, qui ont leur place dans la ville de Papeete mais dans la mesure où ils respectent un minimum les règles", explique Rémy Brillant, directeur général des services, "toutes les églises en ville, de toutes les confessions, ont des clôtures, et sont fermées hors culte ou quand il n'y a pas de réunions particulières. On a voulu que la cathédrale n'ait plus de clôture, qu'elle soit un lieu central, visité. On a cette difficulté à gérer, il va falloir qu'on se mette autour d'une table...Pourquoi pas fermer quelque temps, ça permettra de trouver des solutions plus pérennes". 

Dernièrement, des commerçants du centre-ville ou des parents d'élèves s'étaient plaints de débordements en lien avec des SDF.

Plus de 150 sans abri vivent de la mendicité. L’acte est toléré, à condition de ne pas troubler l’ordre public… "Il faut réfléchir avec les gens autour qui pratiquent la cathédrale...en cas de mendicité agressive, c'est là où ça devient compliqué, c'est là effectivement où il faudrait mettre plus de forces de l'ordre", remarque Rémy Brillant.

Le reportage de Lucile Guichet :