Si la Polynésie n'a enregistré aucun mort sur les routes en janvier, la tendance s'est rapidement inversée dès le mois suivant. "Malheureusement on a eu un mois de février et un mois de mars -qui n'est pas encore terminé- très meurtriers (...). Si on fait un comparatif sur la même période l'année dernière, on était à huit morts. Cette année on est à onze morts" regrette Patrick Bordet.
"Des comportements dangereux"
Plusieurs facteurs sont en cause et impliquent bien souvent la consommation d'alcool et de drogue. "Ce qu'on a noté depuis le début de l'année, sur la quasi-totalité des accidents mortels, tous les conducteurs ont été dépistés positifs à l'alcool et/ou aux stupéfiants. On est quand même sur des cocktails très explosifs et qui entraînent des comportements dangereux, notamment des excès de vitesse, ou du non-respect du code de la route qui font qu'on se retrouve sur des situations tragiques aujourd'hui" déplore le gendarme. Le nombre de conducteurs contrôlés positifs aux stupéfiants a été multiplié par deux, ont constaté les forces de l'ordre à l'issue des nombreux contrôles routiers effectués ces derniers mois. Et les contrôles ne vont pas s'arrêter puisque 4 500 à 5000 personnes sont attendues en Polynésie pour les Jeux du Pacifique 2027... "L'objectif c'est de rester vigilant toute l'année" insiste Patrick Bordet.
Une grande partie des accidents mortels concernent des deux-roues, comme ce fut le cas à Rikitea, à Moorea ou encore à Teva I Uta. Et ils étaient seuls en cause. "Il faut qu'on ait une prise de conscience dans la société polynésienne. Si on fait un comparatif avec les pays anglo-saxons, eux commencent les sensibilisations à la sécurité routière dès le plus jeune âge de manière à ce que ça devienne un réflexe culturel. Nous, on n'a pas encore ce réflexe culturel. Il y a eu par le passé des opérations dans les écoles maternelles mais le covid les a stoppées" souligne Patrick Bordet.
Quelles solutions ?
Les forces de l'ordre mettent un point d'honneur sur la prévention. L'opération réservée aux 17-25 ans baptisée Halte à la prise de risques fête justement ses vingt ans cette année. La prochaine est prévue samedi 22 mars à partir de 7 heures à l'Université de la Polynésie française. Les inscriptions sont closes mais les jeunes peuvent toujours se présenter directement à l'UPF munis d'une pièce d'identité. D'autres séances sont programmées, avec la possibilité de s'inscrire en ligne.
Outre la prévention, d'autres solutions sont évoquées pour réduire le taux de mortalité sur les routes. L'ouverture d'une fourrière par exemple. "En métropole quand quelqu'un se fait arrêter pour conduite en état d'ivresse, le véhicule est conduit à la fourrière. Pour récupérer le véhicule, le contrevenant doit payer l'amende, le remorquage et le temps de gardiennage à la fourrière. Cela peut aider... Mais le problème qu'on peut rencontrer c'est qu'on a une grande partie de la population polynésienne vit sous le seuil de pauvreté. Alors les charger encore plus avec des amendes qu'ils ne pourront pas payer... ça va être compliqué et on risque de se retrouver très vite engorgé" juge le gendarme.
Quid des radars ? C'est une possibilité "mais on a une seule route qui fait le tour de l'île. Les gens vont savoir où seront les radars et vont accélérer une fois qu'ils auront dépassé. À part une prise de conscience... Parce qu'on a un comportement déviant de la part des jeunes, mais ce comportement déviant fait partie de leur apprentissage, et l'éducation se fait à la maison" sous-entend Patrick Bordet.
Pour rappel, 47% des blessés de la route ont mois de 25 ans et le reste a plus de 25 ans "donc ça touche toute la Polynésie. Il y a peut-être toute une éducation à la sécurité routière qu'il faut revoir dans notre Pays" poursuit le gendarme. Tous les vélos électriques doivent être assurés et le BSR est également obligatoire pour toutes les personnes nées après le 1er janvier 2000.
Patrick Bordet était l'invité café de la matinale radio, le 21 mars 2025 :