Il était l'adversaire numéro un de Vladimir Poutine. L'opposant russe Alexeï Navalny est mort à l'âge de 47 ans dans une colonie de l'Arctique, vendredi 16 février, ont annoncé les services pénitentiaires russes. Le quadragénaire "s'est senti mal après une promenade et a presque immédiatement perdu connaissance", ont-elles précisé, assurant que les secours avaient tenté de le sauver. A ce stade, les causes de la mort n'ont pas été communiquées.
Aussitôt après cette annonce, les réactions occidentales se sont multipliées, accusant les autorités russes. "Dans la Russie d'aujourd'hui, on met les esprits libres au goulag et on les y condamne à la mort", a ajouté Emmanuel Macron. Le président américain, Joe Biden, s’est dit « scandalisé » par la mort d'Alexeï Navalny, une « voix puissante pour la vérité ».
« Ne vous méprenez pas, Poutine est responsable de la mort de Navalny (...) Nous ne savons pas exactement ce qui s’est passé mais il n’y a aucun doute que c’est la conséquence de quelque chose que Poutine et ses voyous ont fait ».
Joe Biden - président des États-Unis
Le président russe Vladimir Poutine doit être « tenu personnellement responsable » et « puni » pour les atrocités commises contre Alexeï Navalny, a réagi son épouse Ioulia Navalnaïa depuis l’Allemagne. « Si c’est la vérité, je voudrais que Poutine, tout son personnel, tout son entourage, tout son gouvernement, ses amis, sachent qu’ils seront punis pour ce qu’ils ont fait à notre pays, à ma famille et à mon mari. Ils seront traduits en justice et ce jour viendra bientôt », a déclaré Ioulia Navalnaïa à la tribune de la Conférence de Munich pour la sécurité. Elle a lancé « un appel » pour que Vladimir Poutine soit tenu « personnellement responsable de toutes les atrocités commises ».
Empoisonné en 2020
Des photos de ce quadragénaire aux yeux bleus font le tour du monde depuis l'annonce de son décès. Mais qui était Alexeï Navalny ? Pendant plus de quinze ans, l'homme a dénoncé et documenté la corruption du pouvoir russe. Toléré un temps par le pouvoir, il avait réussi à se présenter à la présidentielle de 2018 mais avait finalement été déclaré inéligible. En 2020, il est victime d'un empoissonnement et est transféré dans le coma en Allemagne pour y être soigné.
Après sa convalescence, il choisit de rentrer en Russie mais il est arrêté le 17 janvier 2021 à Moscou. Habile communiquant, l’opposant diffuse deux jours plus tard une enquête sur l’immense et fastueuse propriété dont bénéficiait selon lui Vladimir Poutine. Trois ans plus tard, le reportage cumule plus de 129 millions de vues sur YouTube.
Une détermination sans faille
Lors de diverses audiences à des procès auxquels il participait par vidéo ces derniers mois, ce grand blond au regard bleu perçant apparaissait amaigri et vieilli. Il avait enchaîné les problèmes de santé liés à une grève de la faim et des suites de l’empoisonnement. Mais la prison n’avait pas entamé sa détermination. Au cours des audiences et dans des messages diffusés sur les réseaux sociaux par l’intermédiaire de son équipe, il n'a eu de cesse de conspuer Vladimir Poutine.
Dans son procès pour « extrémisme », il a fustigé « la guerre la plus stupide et la plus insensée du XXIe siècle », évoquant l’assaut russe contre l’Ukraine. Dans ses messages en ligne, il ironise sur les brimades que l’administration carcérale lui fait subir. Dans un message le 1er février diffusé par son équipe sur les réseaux sociaux, il avait appelé à des manifestations partout en Russie lors de la présidentielle prévue du 15 au 17 mars et qui doit permettre à Vladimir Poutine de se maintenir au pouvoir jusqu’en 2030 au moins.