Effervescence sur le quai de Motu Uta. Le Tuhaa Pae attire comme un aimant les manutentionnaires venus décharger ses cales remplies de carottes destinées principalement à des grossistes. A côté des belles carottes, il y a aussi les moins jolies, dites déclassées. Et les rebuts sont jetés, ou encore donnés aux animaux. Parfois, les déclassées et les rebuts représentent "entre 60 et 70% de la production", avoue Tatiana Tehae Temauri qui a fait venir de Tubuai 27 tonnes de carottes.
Pour Diane Dean, ce sont "21 tonnes de carottes calibrées contre 2,5 tonnes de déclassées". Celles-ci sont destinées à être vendues au bord des routes, ou aux propriétaires de roulottes.
Halte au gaspillage
Dorénavant, le mot d'ordre est de ne plus gaspiller. Les rebus et les moins jolies seront bientôt transformés et valorisés. De quoi réjouir les producteurs. "On ne va plus retrouver nos carottes près des animaux, j'ai assisté à la transformation qui se trouve à Papara, je suis très heureuse. Avec ce système, plus de perte ! Avant, il y en avait toujours. Tout agriculteur de Tubuai sera heureux de savoir que nos pertes sont transformées et que les enfants (les) mangent à la cantine", déclare satisfaite Tatiana Tehae Temauri.
Un changement préconisé par la Chambre d'agriculture qui veut valoriser le travail des agriculteurs, même celui qui ne semble pas commercialisable. "Quand vous donnez la production aux cochons, alors qu'aujourd'hui on peut la transformer et la vendre dans les cantines et les supermarchés, c'est une plus value pour les agriculteurs", explique Moetini Moutame, vice-président de la Chambre.
Et d'expliquer alors le procédé : "La Chambre a acheté pour 15 millions cfp de machines de transformation qui vont être installées à Tubuai. L'activité de transformation va donner du travail aux habitants de l'île. Le plus important reste la consommation locale. Si on achète des carottes de Nouvelle-Zélande, l'argent repart en Nouvelle-Zélande. Si les gens achètent des carottes de Tubuai, l'argent repart aux agriculteurs de Tubuai."
"Viser la qualité"
Chaque mois, la consommation de carottes avoisine environ les 100 tonnes, en grande partie venues d'ailleurs. "La carotte est un produit largement importé. A l'avenir, il faudra aussi se tourner vers le brocolis, le chou-fleur, le poireau pour justement réduire les importations et favoriser la production locale", insiste Moetini Moutame, "parmi ces produits il y aura des déclassés, mais il faudra aussi les valoriser".
Pour ce jeune vice-président, si "suivre les agriculteurs" est une chose, une autre est aussi de "suivre le conditionnement [des produits], leur transport jusqu'au magasin, bref il faut viser la qualité".
Car des produits locaux offrant un bon rapport qualité-prix peuvent faire la différence avec ceux qui sont importés.