Il est 12h30. Une équipe médicale vient d'être déclenchée en urgence. Direction l'aéroport de Tahiti pour récupérer un patient qui a du mal à respirer, à Bora Bora. "On a du matériel pour l'aider à respirer, un respirateur, précise Francis, infirmier. Ca peut servir pour un patient dans le coma ou un patient conscient qui a beaucoup de mal à respirer."
Car si les équipes savent pour quel motif elles partent, les imprévus sont souvent de mise. Arrivée à Bora, elle doit évasaner une deuxième patiente pour une traumatologie. « Malheureusement, on vient de nous apprendre qu'il y a un deuxième malade, donc on va être obligé de laisser notre journaliste à Bora et il va prendre un vol commercial pour rentrer sur Tahiti, annonce Jean Huck, capitaine sur Air Archipel. On est vraiment désolés, mais l’urgence prime. »
L'escorte médicale prend les constantes de la patiente. Cette dernière souffre. Le personnel est donc vigilant. La manœuvre avec le brancard est délicate, les gestes appliqués : il faut à tout prix éviter de faire mal au malade. "Il y a deux patients avec deux problématiques très différentes, explique Anne Robert, infirmière à Bora Bora. Mais ils ont tous les deux besoin d'être évacués en urgence. Le monsieur est assis, la dame allongée, il faut qu'elle soit strictement allongée. On respecte toutes les conditions pour que l'evasan soit de qualité."
« Il y a plusieurs problèmes, ça dépend si le patient est assis ou pas, résume Francis, l'infirmier de l'escorte médicale. S'il est assis, c'est facile, mais s'il est allongé, il faut ouvrir la grande porte du cargo pour rentrer le malade, ça dépend de son poids. »
Air Archipels réalise près de 90 % des évacuations sanitaires urgentes en Polynésie. Fournir un appareil et un équipage de façon permanente au SAMU est sa mission principale.
En moyenne, elle effectue une à deux évasans par jour, 500 par an, soit plus de 1 200 heures de vols. "Il y a des évasans tous les jours, parfois plusieurs fois par jour, explique le Dr Véronique Quétard, médecin urgentiste. Je viens d'apprendre par la régulation du Samu que, dès le retour de Bora, on part à Raiatea avec du matériel un peu différent, avec une couveuse, pour aller chercher un nouveau-né à Raiatea."
Malheureusement cette évasan n’aura pas lieu, le bébé décèdera entre temps.
C’est la dure réalité de notre territoire. Les îles ne sont pas égales face à l’offre de soins. L'essentiel est centralisé à Tahiti.