Il y a des zones comme ici, où les voiliers ne sont pas les bienvenus. Dans la baie de Vaitupa, le mouillage et l’ancrage ne sont pas autorisés. Et pourtant, certains y viennent quand même…"L'ancrage des bateaux dans la baie est interdit. Une fois que tu as fini, je ne sais pas, de réparer il faut que vous sortiez votre amarrage, ne plus ancrer ça abîme les coraux", s'adresse Albert Tapu, président de la coopérative des pêcheurs de Vaitupa, à une personne qui vit sur son voilier.
Il y a deux ans, plusieurs dizaines de voiliers étaient amarrés ici. Les pêcheurs, n’en pouvaient plus. Pire, la circulation devenait dangereuse. "Quand nos pêcheurs sortent le matin, dans la journée, c'est bon. Mais quand ils rentrent la nuit, vers 20h ou 21h, et qu'il n'y a aucune lumière pour signaler les bateaux, ils sont obligés de zigzaguer entre les voiliers", explique Albert Tapu.
Les pêcheurs ont dû faire appel à la justice pour obtenir gain de cause. "C'est passé au tribunal en décembre 2021, on nous a donné raison. Plus d'ancrage, plus de mouillage ici".
Teiki n’a pas le choix. Il doit plier bagage, malgré lui. "Aujourd'hui j'attends la visite d'un tonton pêcheur pour voir s'il peut remorquer...Je vais le ramener sur son corps mort...vers Punaauia", dit-il.
A quelques encâblures de là, un autre voilier. Il a coulé il y a 3 semaines déjà. La faute à une forte dépression qui sévissait sur les îles du Vent. "C'est plus qu'un problème, c'est dégueulasse, ça pollue. Dès qu'il s'est échoué, on a été voir là dedans, mais il y avait un paquet d'huile qui sortait, le port autonome est venu constater. Je crois qu'ils ont appelé le propriétaire. Surtout qu'ici c'est une zone poissonneuse, on sait très bien qu'il y a beaucoup de poissons", constate amer Heiau ORBECK, propriétaire d'une pirogue festive.
Mais comme ce voilier est une propriété privée, pour le dégager il y a deux conditions. Une circulation dangereuse et un danger pour le milieu marin. Ici c’est le cas. "En l'occurrence on va quand même agir parce qu'il y a un danger pour l'environnement, on ne sait pas trop ce qu'il y a dans le bateau. Probablement il y a des batteries, des choses qui polluent, donc il faut intervenir. On consulte pour savoir comment le dégager de là, parce qu'il est en zone très peu profonde...On n'est pas sûr qu'on puisse le remorquer", estime Bran QUINQUIS, avocat.
Le remorquage de l’épave sera aux frais du propriétaire. Selon le code de l’environnement, toute pollution du milieu marin est passible de deux ans d’emprisonnement et près de 9 millions cfp d’amende.