Brotherson face aux chefs d'entreprise : rassurer pour assurer l’activité

Moetai Brotherson face à Frédéric Dock et Narii Faugerat.
Assurer l’activité pour éviter, plus tard, une indépendance ratée. Voilà en quelque sorte le crédo du futur président du Pays, Moetai Brotherson. Dans notre matinale radio, il a expliqué sa vision de l'économie face à deux chefs d'entreprise.

Au lendemain de la victoire des Bleus aux territoriales, le leader de l’aile modérée des indépendantistes s’est voulu rassurant face au patron du Medef local, Frédéric Dock, et à Narii Faugerat, chef d’entreprise, dans notre matinale radio. Histoire de signifier qu’il n’y aura pas de rupture par rapport à l’ancien gouvernement.

Narii Faugerat lui demande ainsi qu’il serait "important que le gouvernement prenne tout de suite des solutions pour que les entreprises continuent à prospérer…Si elles prospèrent, il y a des emplois, s’il y a des emplois la population est heureuse". Et cela, en ne les pénalisant surtout pas en augmentant les taxes. Bien au contraire.

Optimiser les impôts

Ce à quoi Frédéric Dock enchaîne en précisant que "les taux de prélèvement sur l’activité économique sont très importants en Polynésie... près de 40%, c’est-à-dire que 40% des richesses produites terminent d’un côté vers le budget du Pays, ou la PSG, celle-ci étant complètement légitime". Des prélèvements proches du niveau national, de l’ordre de 45%.

Narii Faugerat.

C’est bien connu, trop d’impôt tue l’impôt, il devient improductif. Conséquence, l’activité économique ralentit, les créations d’emplois baissent, certains disparaissent, et au final c’est la solidarité qui en pâtit. Dock ajoute alors que grâce à la reprise touristique, il est facile de créer des emplois, mais que pour d’autres, la tâche est plus difficile quand il y a une population "qui est trop éloignée de l’emploi aujourd’hui et qu’il va falloir insérer". Solution, déjà engagée par le gouvernement précédent, "la création d’activités d’insertion économique pour ramener cette population trop éloignée aujourd’hui de l’emploi".

Pour Moetai Brotherson, il s'agit d'abord d'"optimiser ces [40%] de prélèvements. Fondamentalement, les citoyens dont les chefs d’entreprise ne sont pas contre payer de la fiscalité, mais ils veulent savoir où ça va, et finalement ils veulent avoir l’assurance que ça profite à tous et que c’est utilisé à bon escient. Les chefs d’entreprise ont aussi besoin de visibilité".

Davantage de visibilité

Et davantage de dialogue social afin que les entreprises "sachent qu’elle est la vision du politique", insiste Frédéric Dock, pour que "[cette vision] soit comprise et éventuellement partagée car on peut se mettre d’accord avec des gouvernements… une fois qu’on a échangé, que le cap est fixé, les entreprises sont rassurées, elles investissent et elles embauchent".

Frédéric Dock

Moetai Brotherson ne peut qu’approuver. "C’est évident, il faut recevoir tous les partenaires sociaux, il faut recevoir les associations, tout le monde, parce que les solutions ne naissent pas dans les bureaux climatisés du fond de l’avenue Bruat !", ironise-t-il, "par exemple si on veut tripler la pêche en Polynésie, il faut aller voir les patrons de pêche et leur demander ce dont ils ont besoin si on veut atteindre cet objectif".

Pas de rupture

Le futur président du Pays insiste encore, comme il l’a fait durant la campagne électorale, que la rupture n’est pas à l’ordre du jour entre les actions passées et celles à venir, "et peut-être plus encore quand on passe d’un gouvernement autonomiste à un gouvernement indépendantiste".

Notamment en matière "de commande publique quand on sait son poids [économique et social], il faut rassurer sur ces éléments-là et qu’on n’est pas là pour couper tous les contrats, mettre fin à tous les appels d’offres. On connaît l’importance de la commande publique, en revanche, ce qu’on veut à moyen terme, c’est l’orienter vers des investissements structurants, par exemple en ne construisant pas des ronds points pour le plaisir d’en construire".

Dock lui répond que "le message est compris, le reste sera mesuré dans l’action", en soulignant qu’il faut éviter qu’"une société à deux vitesses avec autant de gens au bord du chemin, ne fonctionne pas [risque d’explosion sociale] pour l’équilibre général, mais pour celui des comptes sociaux".