C'est "un choc". En apprenant le projet du gouvernement d'augmenter la taxe de solidarité sur les billets d'avion (TSBA) en fin de semaine dernière, Benjamin Smith, le PDG d'Air France-KLM, s'est étranglé. "Si ce projet de taxation était mis en œuvre, il aurait un impact significatif sur la compétitivité de nos compagnies, Air France, KLM et Transavia", a-t-il mis en garde. Et ce n'est pas le seul.
Comme lui, de nombreux professionnels du secteur de l'aérien français font entendre leur désarroi face à cette nouvelle taxation qui devrait être inscrite dans le projet de loi de finances (PLF) de l'année prochaine pour redresser les comptes publics et inciter la population à utiliser des modes de transport plus écologiques.
Lundi 14 octobre, la Fédération nationale de l'aviation et de ses métiers (FNAM) et l'Union des aéroports français (UAF), deux organisations professionnelles qui représentent les compagnies aériennes et les sociétés gestionnaires des aéroports, ont donc tenu une conférence de presse pour alerter sur le risque que ferait courir cette nouvelle taxe sur le secteur en général, et sur les liaisons aériennes avec les Outre-mer en particulier.
La Polynésie doublement impactée ?
La hausse de la TSBA, qui devrait être de 850 millions d'euros, "pourrait avoir des conséquences extrêmement négatives sur les prix des billets à destination des liaisons ultramarines", s'inquiète Pascal de Izaguirre, président de la FNAM et PDG de Corsair, compagnie française qui dessert entre autres les Antilles, La Réunion et Mayotte.
Air France, Corsair, Air Caraïbes et French Bee ont déjà réagi en s'opposant fermement à cette proposition du gouvernement. "Si ce projet voir le jour, il y aura une répercussion sur le prix des billets" a prévenu Air France par la voix de son directeur général Ben Smith, d’autant que la compagnie française s'acquitte déjà à elle seule de "30% de cette taxe".
En Polynésie, l'impact pourrait être plus important si l'on cumule la hausse de taxe locale (RPT redevance de promotion touristique, actuellement collectée à hauteur de 5% par les établissements hôteliers), projet politique de transfert à l'aérien initité par le nouveau ministre de l'économie Warren Dexter, à la taxe voulue par l'Etat (source: compagnie aérienne).
Vers une hausse du prix du billet de 20%
Si cette augmentation n'est pas encore officiellement intégrée dans le budget 2025 présenté par les ministres de l'Économie et du Budget jeudi dernier, elle doit prochainement être introduite lors de l'étude du PLF au Parlement via un amendement du gouvernement. "C'est une très mauvaise nouvelle", s'accordent à dire les représentants de la FNAM et de l'UAF.
Dès l'année prochaine, les billets d'avion devraient donc être plus chers pour une population qui connaît déjà de fortes difficultés économiques. Et Thomas Juin, qui représente les aéroports, souligne une autre conséquence que pourrait entraîner cette surtaxation des billets d'avion : la baisse structurelle de la fréquentation touristique dans les territoires ultramarins.
Selon une étude commandée par l'UAF, la demande pour se rendre dans les Outre-mer pourrait baisser de 14 % d'ici à 2031, avec une hausse du prix du billet d'avion de 20 %.