Iris n’a jamais fait de frottis. À 67 ans, elle envisage enfin de franchir le pas, après le décès de sa mère il y a 13 ans, puis celui de sa sœur, il y a 3 ans, alors elle est venue se renseigner auprès des professionnels présents au parc Teaputa le 24 juin, lors de la grande journée de sensibilisation au cancer du col de l’utérus organisée par l'Institut du cancer de Polynésie (ICPF). “Mes soeurs ont eu cette maladie là alors je profite aujourd’hui. (...) J’ai deux sœurs, il y en a une qui est décédée, une qui a été opérée..." confie Iris, émue.
Transparence et bienveillance
Le frottis est conseillé au moins tous les 3 ans dès l’âge de 25 ans. Il faut prendre rendez-vous chez un gynécologue ou une sage-femme. Pas toujours agréable, il permet néanmoins de détecter la maladie à un stade précoce et d’éviter de lourds traitements.
Quatre stands de prévention et trois associations étaient installés ce samedi pour briser les barrières, en toute transparence et avec bienveillance. Les bénévoles et sages-femmes ont éclairé les femmes, jeunes et moins jeunes.
Poerani a fait le trajet depuis Faaa avec sa fille de 18 ans. Elle s’intéresse aux papillomavirus sexuellement transmissibles, virus en grande partie responsables du cancer du col de l’utérus. “Je n’étais pas au courant qu’il y avait un vaccin qui pouvait protéger du virus qui entraîne le cancer et puis c’est l’occasion d’informer ma fille, car il y a une méconnaissance et c’est difficile pour nous d’expliquer à nos enfants.”
Informer sur les IST
En effet, il existe un vaccin contre les papillomavirus pour prévenir le cancer du col de l'utérus, qui doit être administré avant les premiers rapports sexuels. Pour l'instant trop onéreux, l'ICPF envisage une prise en charge dès la fin de l'année.
L'infection à papillomavirus est l'IST la plus fréquente : près de 80 % des personnes ayant des rapports sexuels seront infectés par le HPV au cours de leur vie. Une partie de ces infections sont bénignes mais, lorsqu'elle persiste dans le temps et qu'elle est due à un papillomavirus à haut risque cancérigène, comme les HPV 16 et 18, elle peut aboutir à un cancer du col de l'utérus.
Entre 15 et 20 Polynésiennes sont touchées par ce cancer chaque année. Les symptômes : saignements anormaux, douleurs dans le bas ventre et pertes vaginales inhabituelles. Là aussi, la connaissance permet de sauver des vies. “Nous on est amenées à rencontrer ces femmes, par le biais de leur propre fille enceinte dont on fait le suivi et où on évoque le palper des seins, le dépistage du cancer du col de l’utérus avec le frottis et donc elles en discutent avec leur maman, avec leur grand-mère, et c’est comme ça qu’on arrive à rattraper une population qui ne se faisait plus suivre”, témoigne Valérie, sage-femme
Samedi au parc Teaputa, des activités de détente et des ateliers culturels en famille étaient également proposés, pour que le message de sensibilisation traverse toutes les générations.