Depuis le mois de janvier, Ishka Pautu descend toutes les semaines de Moorea pour ses séances de chimiothérapie à l’hôpital du Taaone. Des déplacements organisés et entièrement pris en charge : "on vient me chercher à la maison, on m'emmène au bateau. Ensuite, j'ai Jérémy qui me récupère pour me déposer à l'association."
En novembre 2023, on lui diagnostique un cancer du sein. Un coup de massue pour cette quinquagénaire. Aujourd’hui, Ishka ne travaille plus. Titulaire du carnet rouge depuis lors, elle se bat contre la maladie. Un traitement long et difficile entre chimiothérapie, chirurgie et radiothérapie. Mais seulement voilà, elle s’apprête à changer d’oncologue pour la 3e fois en seulement 4 mois. "L'oncologue, soit tu as confiance en lui, soit tu n'as pas confiance lui. Dans mon cas, je me suis sentie très bien avec lui. Il m'a bien expliqué les choses, il a pris le temps et ça, c'est important. Et après, il m'annonce qu'il quitte l'hôpital. Je me suis demandée qui allait s'occuper de moi, dans quelles conditions...c'est une question de confiance. On met notre vie entre ses mains. Si on change d'oncologue tout le temps, ça peut démoraliser pas mal de malades."
Une réalité signalée par de nombreux patients en cours de traitement, comme Ishka. De son côté, l’institut du Cancer de Polynésie, affilié à Unicancer, réseau de centres de lutte contre le cancer, travaille sur la mise en place ici au fenua de la Recherche Clinique, ce qui pourrait résoudre en partie le problème. "Le fait que cette recherche soit possible en Polynésie va permettre aux médecins d'être plus attirés vers la recherche et donc l'exercice de leur métier en Polynésie, espère Muriel Dahan, directrice de la recherche et du développement d’Unicancer. Soit d'y venir, soit d'y rester un peu plus longtemps et donc de contribuer à mieux soigner les Polynésiens."
En Polynésie Française, 800 nouveaux cas de cancers sont recensés chaque année.