Ils ont entre 13 et 16 ans, pour la plupart, en décrochage du circuit scolaire classique. Une cinquantaine d’élèves en fin de primaire sont accueillis dans ce centre de jeunes adolescents de Papeete.
Ici, ils bénéficient d’un enseignement à la fois général et professionnel et s’ils ne savent pas toujours pourquoi ils sont là, la mixité de l’apprentissage leur offre une évolution plus adaptée à leur condition. "Ca fait 1 an et demi ou 2 ans que je suis là...c'est l'école qui m'a placé là et ils m'ont demandé si j'avais apprécié. J'ai dit que oui, la pratique, la théorie", dit Raimoana,15 ans.
Redonner le goût d'apprendre
Avec un budget annuel de 2,5 millions cfp, cette structure qui compte 11 enseignants propose des ateliers cuisine, métallerie ou agriculture. Tous les produits cuisinés viennent du potager, on fabrique même de l’engrais de poisson pour nourrir les plantes. "Ce sont des déchets pris au port autonome...on les charge dans l'éco-digesteur pendant 48 heures", explique Vaihau 13 ans.
Objectifs affichés de ces centres : développer les talents et redonner le goût d’apprendre à des adolescents souvent confrontés à des problèmes de drogue ou de violences familiales. Avec en ligne de mire, un raccrochage au système. "Lorsqu'ils sortent du CJA ils se dirigent vers un CAP, ensuite une seconde pro puis une première pro, voire pour certains élèves de 2019 qui passent leur bac pro cette année", précise Heifara Lanteires directeur du CJA de Fare Ute.
Au total 20 centres sont implantés en Polynésie dont 5 aux ISLV. Le premier CJA des Tuamotu devrait bientôt voir le jour à Makemo. Dans celui de Raiatea, ils sont une vingtaine d’élèves à apprécier un environnement naturel qui favorise leur réinsertion en milieu scolaire. "Ca m'a permis de canaliser mon énergie, me concentrer, et de poursuivre mes études", reconnaît Ariimihi élève du CJA de Raiatea. "Il y a cette aisance dans l'apprentissage de l'agriculture parce qu'ils viennent tous du milieu agricole, leurs parents, leurs grands-parents...l'optique est de redorer l'image de l'agriculteur", remarque Raiarii Hiro-moniteur agricole. "Ceux qui ont le niveau, ces élèves-là on arrive à les réorienter, à les ramener peut-être au LEP ou lycée professionnel protestant. Après ça dépend de leur bon vouloir", note Nadia Teheiura, professeur des écoles.
L’adolescent reste aussi inscrit dans la base "élève" de son collège d’origine, ce qui lui permet de conserver les avantages liés au cursus classique.
Steve Angia enseigne les percussions traditionnelles au conservatoire de Tahiti. Grâce à son expérience, il est pressenti pour être ambassadeur des CJA. "Cette année, la première promotion S2TM2 à Gauguin, nous nous sommes aperçus que cela peut aider l'enfant durant son parcours scolaire. Donc on avance en parallèle avec l'éducation", avance Steve. "Les CJA vont venir développer la voie professionnelle, puisque le but est qu'ils sortent vers un CAP. En effet, il faut faire de ces ateliers, en tout cas de ces métiers dans les CJA, une voie d'excellence notamment en développant les talents des élèves au service de leur parcours", explique Matani Kainuku-inspecteur de l'éducation responsable des CJA de Polynésie.
90% des élèves issus des CJA arrivent en CAP. Une voie idéale pour s’insérer plus facilement dans la vie active.