Responsabilisation des propriétaires et stérilisation sont les maîtres mots pour une lutte efficace contre la problématique des chiens errants. En Polynésie, il y en a plusieurs centaines. Et dans ces cas-là, rien n’empêche la prolifération canine.
Sylvia, présidente d’association, désespère. Elle nourrit et recueille plusieurs dizaines de chiens, depuis plus de 30 ans. Pour elle, le problème ne fait que s’amplifier, à cause de l’inaction des pouvoirs publics. "Ce qui marche, ce sont des campagnes de stérilisation massives et aidées. Au bout de 3 ans, un couple de chiens qui se reproduit, c'est 4 000 chiens !", déplore Sylvia Tifoun-Tauateruatu, présidente de l’association Dob Help Tahiti.
Conséquence de cette prolifération canine, hors de contrôle : les euthanasies. Chez ce vétérinaire, c’est devenu le quotidien, bien malgré lui. Dans son congélateur, sont stockés une trentaine de cadavres d’animaux dans l’attente d’une incinération. Le professionnel et les associations ne savent plus quoi faire, pour être entendus. "Le produit n'est pas gratuit, le coût humain et émotionnel n'est pas gratuit !", reconnaît Florent Bizard, vétérinaire. "On ne laisse pas paraître le mal que ça nous fait. Ca nous fait du mal de piquer des chiots, surtout à cet âge-là", avoue Isabelle Boutet, assistante vétérinaire.
Stérilisation contre multiplication
Alors le recueil des chiots les plus robustes, et leur adoption peuvent être une alternative. Mais cela reste un tout petit coup de pouce. La meilleure solution reste la stérilisation. Il faut compter 30 000 francs pour une femelle. Mais quid de la stérilisation des animaux, en divagation, ou abandonnés. "Des campagnes de stérilisation massives, oui, qui s'adressent aux animaux avec des maîtres. Mais aussi aux animaux sans maîtres, qui sont considérés comme étant sur le territoire d'une commune, ou même au nom des associations puisqu'on les connaît tous. Donc ça permettrait de les recenser, d'endiguer cette prolifération et cette surpopulation animale", explique Laurence Percy, représentante du parti animaliste en PF.
D'abord l'adoption
La plaie des chiens errants, reste donc béante, tant que l’inaction politique persiste. Les communes ont une responsabilité dans ce dossier. C’est pourquoi Punaauia et Paea ont décidé d’agir en ouvrant le SIGFA, le syndicat intercommunal pour la gestion de la fourrière animale. Ici, les chiens capturés sont proposés à l’adoption. Mais si personne ne se manifeste, au bout de 3 semaines, ils sont euthanasiés. Le responsable de la structure espère une nouvelle dynamique dans la gestion du problème. "Une campagne de stérilisation doit être systématique, et doit être faite dans tous les quartiers. Pas de façon ponctuelle, ou sinon ça nert à rien. Si on revient à bien gérer nos chiens au sein de nos foyers, on n'aurait pas de travail derrière", déclare Matairii Maire, directeur du SIGFA.
Pour l’instant, les campagnes massives de stérilisation sont ponctuelles, et proposées de façon éparse par une poignée de gens de communes comme Bora Bora ou Moorea. La dizaine d’associations de protection des animaux au fenua, se sent délaissée… bref, rien de nouveau sous les cocotiers.