CHT de Taaone : le bloc opératoire transformé en filière COVID

Transformé en filière Covid, le bloc opératoire n'a plus rien d'un bloc
Ce n’est pas une surprise. L’hôpital public de la Polynésie est submergé. Tous les services, ou presque, sont dédiés aux malades touchés par le virus. Le personnel de santé est totalement exténué et le pic épidémique n’est pas encore atteint. 

L’activité est massive, à tel point que le bloc opératoire qui était jusqu’alors préservé, ne l’est plus. Depuis hier, il a été "sacrifié" pour accueillir désormais des patients atteints du SARS-Cov 2. « On a ouvert à 9h00-10h00 du soir une nouvelle unité, on l’a armée. Après avoir rempli tout le reste », précise Charlotte Courtois, médecin-pneumologue, de garde la nuit dernière. 


 

Nuit agitée 


Car dans la nuit du mercredi 18 août, les malades ont afflué. 

Plus de 50 personnes à un moment attendaient aux urgences, beaucoup d’entrées sous oxygène donc des patients hospitalisés. On a dû réaliser des transferts en clinique à 9h00 du soir parce qu’on n'avait plus assez de lits ouverts en prévision de toutes les entrées qu’on allait faire dans la nuit. Il y a au moins 4-5 patients qui sont allés en clinique. 

Charlotte Courtois, médecin-pneumologue au CHT de Taaone

 

Dans ce service où œuvrent cinq infirmières, cinq aides-soignantes et trois médecins, des malades sous assistance respiratoire, allongés sur le ventre. L’équipe soignante est à bout de force. Les ressources humaines manquent cruellement et la logistique est lourde.

Les patients sous assistance respiratoire sont allongés sur le ventre pour les aider à respirer

 

De toute les gardes que j’ai faîtes depuis la reprise épidémique, la nuit dernière (mercredi 18 août, ndlr) a effectivement été celle qui a été la plus compliquée avec des entrées quasiment toute la nuit. 

explique tristement le docteur-pneumologue Charlotte Courtois

 

En moyenne, 45 à 50 patients sont hospitalisés en réanimation. Le service explose sa capacité d’accueil qui est de 36 lits. Il n’en reste plus que trois disponibles ce jeudi 19 août. Mais ce nombre varie chaque jour, en fonction des sorties et des admissions, ou encore des décès.

La plus jeune patiente est âgée de 17 ans, nouvellement maman. Le plus âgé a 63 ans. De nouveaux décès à déplorer, « il y en a eu plusieurs », dont un homme de 45 ans, obèse. Selon les chiffres officiels, dix personnes sont décédées dans la journée du 18 août.
  

Les non-vaccinés toujours les cas les plus graves


Chaque jour, une dizaine de décès sont répertoriés. Selon le bulletin épidémiologique hebdomadaire diffusé mercredi 18 août, la moyenne d’âge de ces personnes est de 72 ans et 51 % sont des femmes. Leur statut vaccinal est réparti comme suit : 80 % de non vaccinés, 11% ayant un schéma vaccinal incomplet et 9% sont entièrement vaccinés. Les données n’évoluent que très rarement.

Le message principal à faire passer c’est que plus de 90% des gens hospitalisés, évidemment, sont non-vaccinés. Ceux qui sont en réanimation, aucun n’est vacciné. Ceux qui décèdent, ce sont essentiellement des non-vaccinés, il y a eu 1 ou 2 vaccinés mais c’était des gens qui avaient des traitements immunosuppresseurs, donc, effectivement, qui diminuait l’efficacité du vaccin. Les gens qui décèdent, sont malheureusement des gens qui ont des atteintes respiratoires étendues liées à la Covid, avec des comorbidités, de l’obésité notamment. Ça c’est vraiment un facteur de risque pour une mauvaise évolution de la maladie. Il y a aussi de la cardiopathie, du diabète, de l’hypertension, ce sont les principales pathologies. 

Charlotte Courtois, médecin-pneumologue au CHT de Taaone

 

Heiata Buluc et Patrick Tsing Tsing vous montrent ce soir, l’activité tendue de ce nouveau service « Covid ».