"J’ai été victime d’insultes, de pressions, que ce soit par courrier ou de vive voix". Harcèlement moral, menaces et dénonciations calomnieuses… selon des témoignages recueillis, un climat anxiogène se serait installé au sein de la Direction territoriale de la police nationale (DTPN).
"C’est un climat de peur qui règne en ce moment. De mémoire de policier c’est la première fois qu’il y a autant d’arrêts psy au sein de la DSP, il n’y en a jamais eu autant. Et si je ne me trompe pas, il y a même eu une tentative de suicide", raconte un fonctionnaire sous couvert d'anonymat. Un autre, toujours en gardant l'anonymat, dit qu'"avec tous les arrêts psy qu’on a eus, ça fait une baisse d’effectif, ça fait du travail qui doit être réparti sur d’autres fonctionnaires, les autres fonctionnaires pâtissent également de la pression que d’autres fonctionnaires subissent".
Pluie d'arrêts maladie
Il seraient 28 agents en arrêt maladie. Le syndicat FO police avait déjà saisi l’Inspection générale de la police nationale en 2020 pour un audit réalisé en septembre 2021. Fin janvier 2023, l’IGPN est revenue en Polynésie. "Lors de notre rencontre avec la nouvelle commission qui est venue, tous les audits des départements et territoires sont sortis, [mais pour] la Polynésie, ils ne savent pas comment l’expliquer, l’audit n’est jamais sorti. Donc c’est ce qu’on a réclamé", explique Teina Wallace, délégué syndical FO police Polynésie.
Le management visé
Et depuis 5 mois, deux femmes officiers cadres de la police sont en arrêt maladie. Ce sont elles qui ont déposé chacune une plainte en novembre 2022 et en février 2023 contre leur directeur.
"Il y a une très mauvaise ambiance au sein de la DTPN depuis un certain temps. Des problèmes de management où on dénonce au niveau des agents un management brutal, clanique, avec des faits de discrimination, d’humiliation, de peur. Et ce management a créé beaucoup de dégâts aujourd’hui, qui ont été dénoncés par notamment les médecins de la médecine du travail qui suit les policiers. Et qui sont remontés jusqu’au niveau du ministère de l’Intérieur et de l’IGPN qui a lancé cette inspection", constate maître Thibault MILLET, avocat.
Plainte contre une plaignante
Une autre plainte a été déposée par 7 policiers, cette fois à l’encontre d’une des deux officiers cadres. Une plainte pour injures à caractère racial dont ils auraient été victimes de 2021 à fin 2022. Une procédure interne a été lancée en septembre dernier.
"On a cru comprendre qu’elle arrivait à son terme. Qu’il restait à entendre la mise en cause. Et c’est là aussi où je tiens à préciser justement une chose : c’est que d’abord ce n’est pas Alliance qui dépose plainte contre les officiers mais ce sont bien les policiers concernés. Nous on les accompagne dans cette démarche et ce n’est pas contre deux officiers mais bien une seule", précise Johan TEHIHIPO, secrétaire territorial Alliance police nationale de Polynésie française.
Selon Me Millet, les deux plaintes déposées par les deux femmes officiers n’ont pas encore fait l’objet d’une enquête pénale.
Quant au directeur de la DTPN, il n’a pas souhaité s’exprimer face à notre équipe, car une enquête est en cours. Il se dit toutefois blessé par cette situation.