Comment améliorer la gestion des déchets en Polynésie ?

A Rangiroa, les déchets ménagers sont déversés sur les bords du lac puis recouverts.
Le traitement des déchets en outre-mer atteint sa cote d’alerte, conclut un rapport du Sénat. Trop d’enfouissement, pas assez de tri, des coûts trop élevés, des conséquences sanitaires et environnementales dramatiques…si la Polynésie ne fait pas partie des plus mauvais élèves, ses problématiques sont les mêmes. Un caillou dans la chaussure des communes dont c’est une obligation depuis de nombreuses années.

C’est un problème sans fin : toujours plus de consommation, toujours plus de déchets…à traiter sur une île. Que faire des 50 000 tonnes de déchets produits chaque année, en Polynésie ? 197 kg de déchets non recyclables produits par an et par habitant et 57 kg de déchets recyclables ?

78% de nos déchets sont enfouis. C’est 5 fois plus qu’au niveau national.

Le reste, faute de filière de recyclage, par manque de volume, part à l’export.

Les bouteilles en plastique en Malaisie. Les canettes en aluminium et les batteries en Corée du Sud. Le papier en Thaïlande. L’export de déchets coûte entre 200 et 300 millions cfp par an.

Dans l'usine de Fenua Ma, les déchets en carton et papier sont expédiés vers la Thaïlande.

Face aux problématiques d’éloignement et d’insularité, les coûts explosent. "A l'heure actuelle, valoriser comme dans les grands pays industriels sur des gisements aussi faibles que l'on a, ce n'est pas viable, ce n'est pas possible. Ce n'est pas viable en terme économique mais aussi en terme de process industriel, rien n'est adapté. Maintenant il est possible de trouver des petites solutions qui vont permettre de retirer une partie, mais ce ne sera pas une solution complète", explique Benoît Layrle,  directeur de Fenua Ma.

Le Pays à la rescousse ?

Et pourtant, en Polynésie, un schéma de gestion des déchets est en cours d’écriture depuis 2017. Deux taxes pourraient participer au financement : la taxe d'environnement pour le recyclage des véhicules (250 millions cfp par an) et la taxe pour l'environnement, l'agriculture et la pêche (2,9 milliards cfp par an). Au total, 3,150 milliards cfp dans les caisses du Pays, pas tracés et pas pérennisés. Pourtant, les communes se verraient bien débarrassées de cette obligation du CGCT. "Le traitement des déchets est une compétence assez lourde, donc je pense que les tavana se rejoignent à ma demande pour essayer de discuter avec le Pays de reprendre cette compétence-là", précise Cyril Tetuanui, président du Syndicat pour la promotion des communes de Polynésie française.

En Polynésie comme dans les autres outre-mer, le rapport du Sénat pointe le trop grand nombre de dépotoirs sauvages. Le plus grand étant celui de Mumuvai, à Faa’a, où 25 000 tonnes de déchets y sont enfouies illégalement chaque année.

A Tubuai, les déchets recyclables sont réexpédiés à Tahiti.

Si les communes de Tahiti et Moorea trient (à l’exception de Faa’a), l’enjeu est compliqué pour les îles plus éloignées. Depuis 2017, les îles Australes font figure de bonnes élèves. A Tubuai, le ramassage des ordures est gratuit. La population commence à prendre conscience du tri avec 12 points d’apport volontaire installés autour de l’île. "Les canettes et les bouteilles en plastique seront compressées, et sont réexpédiées à Tahiti à Fenua Ma. Par contre les bouteilles en verre et tout ce qui est en verre seront broyés et donnés à ceux qui veulent faire du béton avec", souligne Tihina VIRIAMU, conseiller municipal de Tubuai en charge de la gestion.

Le rapport du Sénat formule 26 propositions, comme développer la consigne ou gratifier le tri en échange de bons d’achat par exemple.