Comment favoriser la réinsertion des détenus et éviter la récidive ?

Les détenus en permission pour la sortie au plateau des orangers...
Le centre de détention de Tatutu, à Papeari, fait figure d’exception dans le système pénitentiaire français, avec des programmes sur mesure pour les 410 détenus hommes pour retrouver des habitudes sociales et des comportements adaptés. Ce week-end, 4 d’entre eux, spécialement sélectionnés, ont bénéficié d’une permission exceptionnelle au plateau des orangers de Punaauia. 3 jours et 2 nuits en pleine nature, pour entretenir le plateau et assurer un lien de confiance.

Après 3 jours en pleine nature, les quatre détenus de Tatutu et leurs deux moniteurs de sport refont leurs paquetages, avant de rejoindre le centre de détention.

3 jours et 2 nuits en pleine montagne

Trois jours plus tôt, l’administration pénitentiaire les a déposés au cœur de la vallée de la Punaruu. Ensemble, ils sont montés à l’assaut du plateau des orangers. Une permission exceptionnelle pour entretenir le site. « C’est la première fois que je viens ici, confie un détenu avant de commencer son ascension. J’ai déjà vu à la télé, mais pas en vrai. Je suis content de mettre les pieds à Punaruu. »  

Le responsable du service des sports du centre de détention de Tatutu, Kryss Vairaaroa, est à l’origine de cette permission exceptionnelle. Le programme s’inscrit dans un appel à projet national de l’administration pénitentiaire autour de la Fête de la nature. Le matériel de randonnée et la nourriture ont été financés par l’administration pénitentiaire. « Pour certains, c’est leur première permission de sortie, explique-t-il. C’est pour leur donner le goût de l’effort, le goût de la nature et pour apporter de la main d’œuvre à l’association qui veut bien nous accueillir. »  

Restaurer le lien de confiance

La permission se prépare depuis 5 mois. Les détenus se sont d’abord portés volontaires, ont rédigé un courrier et leurs dossiers ont été scrupuleusement étudiés par les services pénitentiaires. Ils doivent être « permissionnables », c’est-à-dire avoir effectué les deux tiers de leur peine. Ils sont quatre à avoir été sélectionnés finalement, dont trois à bénéficier d’une permission pour la première fois.  « J’avais fait plusieurs demandes de permission normale qui ont été refusées, raconte l’un d’eux. Alors, par le biais de ces permissions accompagnées, sportives, j’ai trouvé que c’était un moyen plus facile pour s’adapter à la vie de dehors. Il faut prouver qu’ils peuvent avoir confiance en nous, au niveau de la discipline, de l’organisation, du respect des règles… »  

Sur le plateau, les détenus et l’association des porteurs d’oranges nettoient le site et plantent une vingtaine de nouveaux pieds. Au moment de redescendre trois jours plus tard, Kryss Vairaaroa est satisfait de cette permission exceptionnelle. La relation de confiance a fonctionné. « On choisit des personnes dignes de confiance qui ont prouvé qu’ils pouvaient se comporter correctement en détention et qui pourraient se comporter correctement à l’extérieur.. Ça s’est très bien passé. On est fiers d’eux et je pense qu’eux aussi sont fiers d’eux. »  

Au pied du Mont Tamanu, attendent les fourgonnettes de l’administration pénitentiaire. Elles viennent récupérer les quatre détenus pour retourner à Tatutu. Fin de la parenthèse de liberté, « léger, prêt à continuer à porter ma peine paisiblement avec ce petit moment que l’on vient de passer. »