Compostage : tout est bon dans le poisson !

Compostage : tout est bon dans le poisson !
Du compost 100% bio, fabriqué au fenua… C’est ce que la société de Jean-Yves Saint-Maxent commercialise depuis peu. Un compost fait à partir de déchets de poissons et de copeaux de bois. Reportage.

D’habitude, ils finissent au fond de l’eau. Ils, ce sont ces bacs entiers de déchets de poissons. Mais, grâce à Jean-Yves et son équipe, boyaux, arêtes, longes et nageoires ont une nouvelle vie. "Le poisson, c'est la matière première dans notre fabrication de compost, c'est la base. Actuellement, nous traitons 1,5 tonne par semaine sur une machine qui est encore en phase de réglage. Quand on sera parfaitement au point, ça sera 3 à 5 tonnes par semaine. Il est prévu ensuite une deuxième machine en début d'année prochaine donc on arrivera à 10 tonnes par semaine", explique Jean-Yves Saint-Maxent, responsable technique et administratif « TNB Water and compost »

Une fois pesé, le bac prend la direction de Mataiea. C’est là-bas que Jean-Yves a installé son composteur rotatif, mais il manque encore un ingrédient essentiel. Le bois ou plutôt, les copeaux de bois. Sans ça, l’alchimie ne prend pas…"On a fait des tests pendant un an pour trouver le bon équilibre entre les déchets de poissons et végétaux, trouver les bonnes proportions, les bois qui conviennent (...) Une fois qu'on a trouvé une recette, on l'a fait tester par des agriculteurs, notamment les cultivateurs de vanille, les essais ont été concluants".

" Ce sont les bactéries présentes dans le poisson qui, grâce au carbone du bois et à l'azote du poisson, vont pouvoir avoir une activité soutenue. Elles vont se multiplier et s'attaquer à la chair du poisson"

Jean-Yves Saint-Maxent

Une fois la matière animale chargée, c’est au tour des déchets végétaux. Le chargement du composteur se fait tous les 3 jours. Une tonne et demie de matière brute pour 800 kg de compost. "Il y a une fermentation qui va démarrer naturellement, ce sont les bactéries présentes dans le poisson qui, grâce au carbone du bois et à l'azote du poisson, vont pouvoir avoir une activité soutenue. Elles vont se multiplier et s'attaquer à la chair du poisson". 

À la sortie, ce n’est pas fini. Il faudra broyer à nouveau le compost à cause des arêtes de poissons. "C'est du compost bien séché que l'on broie d'abord avant de mettre en sac (...) Il n'y a pas d'odeurs", précise Christina Marirai, opératrice de compostage. Chaque semaine, le port de pêche produit 30 tonnes de déchets de poissons, pour écouler tout ça, il faudrait sept composteurs rotatifs. 

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