Consommation massive d'images porno : un danger pour les ados

Beaucoup trop de jeunes se font une idée de la sexualité à travers les films porno.
Un chiffre inquiétant : + de 2 millions de mineurs consultent des sites pornographiques, chaque mois. Ce sont les résultats d’une étude Médiamétrie commandée par l’ARCOM, l’autorité de régulation de la communication audiovisuelle et numérique. Plus grave encore : le phénomène concerne 51 % des jeunes âgés de 12 et 13 ans. Si aucune étude officielle n’existe en Polynésie, le constat est le même.

"Mais papa à partir de la 6ème, les gamins qui ont 11-12 ans, les garçons surtout, ben quasiment tous ils ont été sur des sites porno. Et ils en parlent, ils rigolent et ils se montrent des trucs, voilà !", lance une jeune fille à son père.

C'est le constat alarmant d’un parent en Polynésie. Il rejoint les résultats de cette étude réalisée dans l’Hexagone. 1 garçon sur 2 et une fille sur 3 âgés de 12 à 13 ans, consultent des sites pornographiques. Des ados qui en parlent anonynement. "C’est des amis qui engagent la conversation et puis après on parle de ça quoi. S'il y a déjà une personne qui a regardé, avec … s’ils étaient plusieurs ou pas", dit une jeune fille, "je connais des personnes qui ont 11 ans et qui ont déjà regardé et tout. C’est des personnes de mon entourage". "Quand on va déjeuner, ben ils me racontent ce qu’il font du coup c’est comme ça je découvre qu’ils vont sur des sites pornos", avoue un garçon.

Trois quarts des mineurs se servent de leur téléphone pour visiter les sites porno.

Un accès facilité avec l’avènement d’internet. En témoigne, ce chiffre encore plus alarmant : trois-quarts des moins de 18 ans utilisent leurs téléphones portables pour se rendre sur des sites à caractère pornographique. "C’est quand ça passe les publicités, c’est là ça nous donne envie d’aller visiter ces genres de sites. [Les publicités vous les voyez où ?] Sur Google, sur les applications. [Et après vous avez juste à cliquer sur la pub pour consulter le site ?] Oui. Des fois on nous envoie, c’est des amis sur Messenger, ou sur Facebook, les applications, après du coup nous on va visiter. Des fois c’est des jeux. Des jeux de pornographie. Après nous, on va jouer", indique un jeune de 16 ans.

Sexualité brutale et violente qui prône l’image d’une femme-objet soumise et d’un homme macho dominant. La pornographie a des conséquences désastreuses sur le développement affectif des ados. Alors pour les protéger, il faut communiquer. "Le dialogue doit être, entre parents et enfants, il doit être précoce. C’est-à-dire qu’on doit pouvoir discuter de tout ça. Alors pas dans les détails sur la sexualité. Mais sur ce que c’est que la vie affective, ce que c’est qu’une relation amoureuse, ce que ça entraîne. On doit parler aussi des addictions, des dangers des addictions, etc.", explique le docteur Laurence Bonnac, neuro-pédiatre et directrice du Fare Tama Hau.

Une image tirée d'un clip de prévention de l'émission Lumni/FTV diffusé sur Youtube.

Pour aider les parents à libérer la parole chez leurs enfants et à briser les tabous autour de la sexualit, il existe plusieurs sites comme onsexprime.fr et jeprotegemonenfant.gouv.fr

Sinon, rendez-vous au Fare Tama Hau, pour des consultations gratuites et anonymes.