Contrôleurs aériens en grève, un service minimum assuré

Tiarama Lehartel, représentante de l’union syndicale de l’Aviation civile affiliée à la CGT.
Les contrôleurs aériens polynésiens sont en grève depuis jeudi 16 mai au matin. D’après la représentante de l’union syndicale de l’Aviation civile affiliée à la CGT, Tiarama Lehartel, la grève n’est pas effectuée pour une question d’argent, mais pour la reconnaissance d’une activité qui justifie le recrutement de plus de contrôleurs aériens et de plus de moyens.

Ce jeudi 16 mai, six contrôleurs aériens sur onze "se sont déclarés grévistes mais n'ont pas le droit de grève à proprement parler. Ils sont obligés de travailler pour assurer un service minimum...c'est la continuité du service public" affirme Tiarama Lehartel, la représentante de l’union syndicale de l’Aviation civile affiliée à la CGT.

Manque de reconnaissance...

Dans un préavis de grève déposé le 10 mai, l'USAC - CGT revendique : "le classement immédiat avec rétroactivité au 1er janvier 2023" de l'organisme de contrôle de Tahiti "en groupe C et en liste 5 dès l'entrée en vigueur du protocole". En grève depuis jeudi matin 7 heures, le syndicat pointe du doigt un manque "de reconnaissance" et de personnel. Ils demandent un classement "à leur juste valeur", non pas pour des questions de "rémunération" mais de "charge de travail."

De son côté, le service d’Etat de l’aviation civile en Polynésie française (SEAC-PF), tient à rappeler que le reclassement des contrôleurs aériens de Tahiti "au même niveau que les
organismes équivalents de l’hexagone", doit intervenir au 1er juillet 2024 par le biais du "protocole social signé au niveau national par 3 organisations syndicales représentants plus de 50% des personnels de la DGAC (Direction Générale de l’Aviation Civile)". Un reclassement qui leur donnera droit à des "avancées statutaires" et "revalorisations salariales sur les trois prochaines années, preuve de la reconnaissance de leur administration quant à l’importance de leurs missions."

Et de personnel ?

Pourtant, Tiarama l'affirme : "les agents sont épuisés, on nous enlève des agents techniques...et on se dit que le trafic va encore augmenter (...). On ne va pas prendre trop d'avions et ne pas être capables les gérer !" plaide-t-elle. Selon elle, l'administration parisienne est alertée depuis plusieurs années déjà. "Cela s'est accéléré avec le covid où il y a eu une grosse baisse de l'activité aérienne." À cette période, les moyens humains et techniques ont été drastiquement réduits "pensant que le monde allait changer et qu'on n'allait pas revenir à une activité aérienne aussi tôt...sauf qu'en Polynésie il n'y a pas eu de coupure comme dans le reste du monde...surtout pour relier les îles" précise Tiarama.

L'activité aérienne de 2022 a dépassé celle de 2017 et "en 2023, on a dépassé un seuil qui justifie qu'on remonte dans le classement. Les organismes de contrôles en France sont classés selon le nombre de vols qu'ils traitent par an. (...) On dépend de ce que l'administration parisienne veut bien nous accorder" conclut la syndicaliste. 

Le SEAC-PF réagit en ces termes :

"Le classement souhaité par l’USAC Cgt, objet du préavis de grève de quatre jours, n’a aucune incidence sur les effectifs de l’organisme de contrôle, ni sur les moyens engagés par l’Etat, ni sur les rémunérations. La seule différence entre le classement souhaité par l’USAC Cgt et celui acté par le protocole social DGAC porte exclusivement sur l’organisation du travail des contrôleurs.

D’autre part, la proposition d’un nombre de 40 contrôleurs (soit 5 agents de plus par rapport au plan initial) pour le centre de contrôle de Tahiti-Faa’a a été validée, lors du dernier trimestre 2023, par l’instance paritaire du SEAC PF (Comité Social d’Administration) chargée d’entériner le dimensionnement des Ressources Humaines pour les prochaines années. Il est à noter que l’USAC Cgt, qui fait partie de cette instance, n’a pas voté contre cette proposition à l’issue des discussions du Comité Social d’Administration sur cette proposition."

Chaque jour, ils sont douze contrôleurs aériens à se relayer à Tahiti-Faaa pour assurer un service 24h/24, 7j/7, laissant la liberté à sept autres contrôleurs de suivre leurs formations obligatoires. Des contrôleurs aériens sont également présents à Raiatea, Bora-Bora et Moorea. Pour le reste des îles, un "service d'information aérien" est assuré par les agents communaux.