Davantage de vidéoprotection en vue des Jeux olympiques ?

A Papeete, la vidéoprotection est déjà bien développée.
Le compte a rebours est lancé pour l’épreuve de surf des Jeux olympiques en Polynésie francaise prévue du 20 juillet au 6 août 2024. Papeete, Papara, Vairao et Teahupoo bien sûr seront très fréquentées, avec notamment des fans zones. Rien que dans la capitale 10 000 personnes sont attendues (5 000 à Papara et 600 au pk0). La sécurité sera un aspect très important. Lors de son passage, Gérald Darmanin a rappelé que l’Etat était prêt à accompagner les communes qui souhaitaient développer un système de vidéoprotection. Arue, Papeete et Punaauia en sont déjà équipées. Pirae et Teva i Uta y travaillent. Comment réagissent les maires qui ont déjà choisi d’investir ?

Des caméras sont fixées à 5 mètres du sol, pour plus de visibilité mais aussi pour échapper au vandalisme. Les passants semblent plutôt favorables à la vidéoprotection. 

Lors de son passage à Teahupoo, le ministre de l’Intérieur s’étonne que les maires ne sollicitent pas davantage l’Etat pour renforcer leur parc de caméras. Avec les Jeux olympiques et ses milliers de spectateurs, il faudra s’y mettre ! "Il n'y a pas de limite pour l'enveloppe des caméras de vidéoprotection. Comme il n'y a pas eu de demande en Polynésie, les dossiers déposés seront acceptés", déclarait Gérald Darmanin au mois d'août.

Profiter de l'aubaine

Des propos qui étonnent les équipes municipales. Papeete qui a été la première à se lancer en 2012 veut multiplier les investissements pour un maillage parfait de la capitale. "A Papeete, depuis des années, on a beaucoup investi. Nous avons 35 caméras, 19 autres seront bientôt installées, c'est un coût en investissement et en fonctionnement. Si cette enveloppe doit être plus importante, Papeete sera parmi les communes à en faire la demande", explique Roger Lamy, directeur de la police municipale de Papeete.

Punaauia aussi est en pleine phase d’extension. En ligne de mire, les axes routiers, les passerelles, ou encore l’université. L’investissement s’élève à 36 millions cfp pour 2024. Mais l’appel d’offres a déjà été lancé, l’aide de l’Etat, ce ne sera pas pour cette année. "On a su bien après avoir lancé le marché. Malheureusement, pour bénéficier de ce fonds-là il ne faut pas avoir déjà lancé le marché. Mais nous avons l'intention peut-être cette année, je pense qu'il y a encore une enveloppe dévolue au travers de la DETR pour cet équipement, c'est plus intéressant pour les communes parce que le pourcentage varie de 40 à 80%", précise Simplicio Lissant, maire de Punaauia.

La vidéoprotection, un outil indispensable pour la police municipale de Punaauia.

Punaauia passera donc de 37 à 50 caméras l’année prochaine. Un matériel de plus en plus robuste et sophistiqué. "On est en réflexion pour savoir si on installe un système qui nous permettrait d'avoir des caméras dites intelligentes", se demande Etienne Iotefa, chef de service de la police municipale de Punaauia.

Les caméras augmentées permettent aux opérateurs de gagner du temps. Les nouveaux logiciels analysent les flux d’images en temps réel. 
Un fournisseur qui a équipé Punaauia, Papeete, et Arue, développe le système petit à petit. "J'ai un scooter qui est garé devant mon entrée, je sélectionne la zone parce que j'ai envie de savoir comment il est arrivé, ou à l'inverse le soir comment il est reparti pour vérifier qu'on ait bien par exemple la même personne", indique un technicien. "La prochaine étape, ce serait de jouer des scénarios, que l'IA anticipe des choses par exemple des regroupements de personnes et donc affiche une alerte pour que l'opérateur n'ait pas à visualer toutes les caméras, mais ait tout de suite la bonne info pour prendre une décision", précise Teiki Garrea, chef d’entreprise Axans.

Quid des libertés individuelles ?

Pas encore de caméras biométriques, pas de reconnaissance faciale comme en Chine. La Commission nationale de I‘informatique et des libertés veille à ce que la limite ne soit pas franchie. "On rentre dans l'analyse des données personnelles, la personne visée on va savoir qu'elle est passée plusieurs fois à cet endroit, etc. Là on est dans une étape où on est à la frontière de la vie privée, l'espace privé qui doit être protégé. Il faut être vigilant", remarque James Lau, ancien président ligue polynésienne des droits humains

Adoptée en avril dernier, la loi relative aux Jeux olympiques de 2024 autorise exceptionnellement la vidéosurveillance intelligente notamment dans les fans zones prévues pour Tahiti à Teahupoo, Papara et Papeete.   

La CNIL le rappelle, la protection des droits et libertés fondamentaux des personnes filmées doit rester une priorité. L’un des fondements d’une société démocratique. 

Le reportage de Cybèle Plichart :

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