Désert médical : la côte Est de Tahiti manque cruellement de médecins

A gauche, Tevairemuna ORI, un des deux infirmières du dispensaire. A droite, Amandine LOMETTI, unique médecin. A peine 3 personnels soignants pour s'occuper de milliers d'habitants de la côte Est.
Les déserts médicaux font partie de la réalité de milliers de Polynésiens, et pas seulement dans les îles éloignées. A Tahiti aussi, sur la côte Est, entre Papenoo et Taravao, aucun médecin libéral, pas de pharmacie…à peine 2 dispensaires. Mais ils fermeront en 2024 pour laisser leur place à un centre médical central, commun aux 3 communes de Tiarei, Hitia’a et Mahaena. Les habitants sont désemparés.

Infirmière, Tevai pourrait s’occuper des patients venus pour leur consultation, mais une jeune femme vient d’arriver en urgence au petit dispensaire de Tiarei, amenée par les pompiers…Avec le médecin, elles doivent prendre ses paramètres vitaux. "On ne peut pas tout gérer, les urgences et les consultations en même temps, parce qu'on est 2 personnels soignants, en fait on est 2 infirmiers : un à l'accueil et moi qui suis derrière en soin. Et le médecin qui vient justement pour réévaluer à chaque fois, pour consulter la personne en continu", explique Tevairemuna ORI.

Une patiente transportée au dispensaire puisqu'il n'y a pas de médecin installé sur la côte Est.

Deux infirmiers et un médecin à cheval sur les deux dispensaires de Hitia’a et Tiarei. Entre Taravao et Papenoo, la côte Est de Tahiti est un désert médical : pas de médecin libéral, pas de pharmacie pour les 5 800 habitants de Tiarei, Mahaena et Hitia’a ! 

Un fragile équilibre qui entraîne parfois des retards de soins chez certains patients isolés. "Ca me plaît de pouvoir venir jusqu'ici et de travailler dans une zone un peu isolée, avec des patients qui sont en demande. On a eu une augmentation du nombre de patients sur le dispensaire depuis l'avant-covid", indique le docteur Amandine LOMETTI, médecin généraliste.

Peu véhiculés, les habitants de la côte Est se rendent le plus souvent à pied au dispensaire.

Fin 2024, le petit dispensaire de Tiarei et celui de Hitia’a devraient fermer. A la place, un centre médical verra le jour à Mahaena, avec un médecin et des infirmiers présents tous les jours. Mais les habitants, peu véhiculés, voient les soins s’éloigner davantage. "C'est important pour nous les gens de Tiarei, Mahaena, Hitia'a. Des fois il y a ceux de Papenoo qui viennent ici", constate Joinville. "Pour ceux qui n'ont pas de moyen de transport, il va falloir mettre des bus. [Car] la plupart des gens, ici, viennent à pied", précise Julien.

Le dispensaire assure le suivi des maladies chroniques, la médecine scolaire, la gynécologie, mais aussi la prévention. Un maillon indispensable à la médecine de proximité.