Deuxième cas de dengue de la saison : pas encore d'épidémie mais attention !

Opération de démoustication dans un quartier de Mahina. (Mercredi 10 janvier 2024)
Un cas de dengue de type 2 a été confirmé le 5 janvier à Mahina. C’est la deuxième contamination de la saison…le virus n’a pas beaucoup circulé depuis 2020, mais les autorités de santé s’en méfient. Cette forme n'est pas forcément plus dangereuse, mais potentiellement mortelle et peut surtout encombrer les urgences. La démoustication a donc démarré le 10 janvier dans la zone concernée.

Tapuarii, technicien sanitaire, enfile sa combinaison et son masque...tout l’attirail de guerre contre un moustique, consignes de sécurité obligent, pour pulvériser la deltaméthrine. Cent mètres de champ d’action suffisent, puisqu’un moustique vit rarement au-delà de ce périmètre avant de mourir, en moins d'un mois. Malgré une durée de vie relativement courte, il peut transmettre de nombreux virus, tels que la dengue, le chikungunya, le zika ou encore la filariose dans le cas de la Polynésie. 

La deltaméthrine toxique ? 

L’insecticide, vaporisé une première fois ce 10 janvier, puis une seconde fois le 15 janvier à Mahina, devrait tuer le porteur de la dengue de type 2 qui a infecté un résident de ce quartier la semaine dernière. Un premier cas de dengue autochtone avait été découvert en fin d'année 2023, à Fariipiti. "Suite à l'enquête du bureau de veille sanitaire de l'ARASS, une personne proche de la personne de Mahina aurait travaillé dans la zone de Fariipiti, là où nous avions détecté ce cas", explique Glenda Mélix, directrice du bureau de santé environnementale (BSE).

Heureux de la nouvelle, les habitants partagent tout de même une certaine inquiétude quant à la toxicité du produit. “Cela a une très très forte odeur. J’espère pour nous humains [que ce n'est pas dangereux]” confie Bingo, venu de Tahaa pour aider sa fille dans les travaux de sa nouvelle maison de Mahina.

Tapuarii rassure : “on a mesuré le produit afin que ça tue seulement les moustiques. Mais (...) les personnes ne seront pas malades.” En revanche, une exposition fréquente peut, à long terme, affecter la santé. C'est pourquoi la tenue de protection est obligatoire pour les techniciens sanitaires.

Peu de décès mais beaucoup d'hospitalisations 

Malgré un premier cas de dengue autochtone de type 2 détecté en novembre dernier, Tahiti n'a pas encore atteint le stade de l'épidémie. Mais attention…car la dernière, terminée en 2020, avait entraîné plus de 200 hospitalisations, dont une dizaine en réanimation et seulement un décès. Pour éviter de saturer l’hôpital, consultez votre médecin au moindre doute.

Il y a quatre sérotypes, qui donnent à peu près les mêmes signes. Dans les cas classiques, c’est un mal de tête, avec une impression de douleur derrière les yeux. Une fièvre élevée, des douleurs générales, des courbatures, des nausées (...) mais surtout, cette douleur derrière les yeux” insiste Henri-Pierre Mallet, médecin épidémiologiste au bureau de la veille sanitaire et d’observation à l’agence de régulation de l’action sanitaire et sociale. 

Vecteurs de maladies redoutables, certaines études démontrent que le moustique est l'animal le plus meurtrier pour l'homme. Mieux vaut donc s’en prémunir, en commençant par vider l’eau stagnante autour de chez vous, dans les sous-pots ou les vieux pneus qui traînent, par exemple.

Lâcher de moustiques stériles

La dengue est transmise par le moustique Aedes. Dans le cadre d'une lutte biologique, cette année, un lâcher de moustiques est prévu à Paea, porté par l'Institut Louis Malardé et par le Bureau de santé environnementale. "Il s'agit d'une lutte innovante par le moustique qui est rendu stérile, explique Glenda Mélix, directrice du bureau de santé environnementale (BSE). Il s'agit de produire pas mal de moustiques stériles. Les premiers lâchers auront lieu dans un site pilote de Paea."

Au delà de la Polynésie, des lâchers de moustiques stériles ont déjà été effectués en Espagne, en Allemagne et en Grèce. Au Brésil, des insectes transgéniques ont déjà été relâchés de façon confinée. 

À partir de 2018, la Nouvelle-Calédonie a commencé ses premiers lâchers de moustiques "wolbachia".

Certains redoutent que la technique du moustique stérile déséquilibre l'environnement. Le moustique a certes son rôle dans la nature, mais les aedes sont, dans la plupart des territoires, des espèces invasives. La technique du moustique stérile permet par ailleurs d'épargner les autres insectes, contrairement aux insecticides.