Dans leur chambre d’hôpital, Steven et Vatea tuent l’ennui comme ils peuvent. Ils sont déjà hospitalisés depuis plusieurs semaines. Diabétiques tous les deux, ils restent ici pour un bilan de leurs complications. S’ils avaient tous les deux des prédispositions, les facteurs aggravants sont différents. "Je suis en surpoids déjà, en général c'est ce qui touche les gens en surpoids, pour démarrer. Malhgré plusieurs visites chez le médecin, ça n'a pas été décelé. Et là, ce n'est que récemment que cela a été décelé", déclare Vatea Kavera.
Le diabète, ce n’est pas qu’une histoire de surpoids. Pour Steven, c’est une chimiothérapie qui l’a déclenché. Avec de l’exercice physique et une alimentation équilibrée, il est possible d’en guérir et d’éviter la dialyse…à condition de réussir à changer ses habitudes. "Ne pas trop manger, équilibrer les repas, juste ça", remarque Steven Taraihau.
Tous deux sont suivis par le docteur Jean-Louis Boissin. Sur le stand de dépistage de l’association des diabétiques et obèses (ADOPF) aujourd’hui, le médecin privilégie la prévention comme depuis 30 ans, mais garde un œil sur ses patients hospitalisés. "Il y en a un qui est mince et l'autre qui est gros, mais ils ont les mêmes types de complication. Parce que l'excès de sucre dans le sang touche l'oeil, le rein, le coeur et les nerfs. Donc que l'on soit gros ou maigre, c'est exactement la même chose dans les complications", explique le taote. "On ne montre pas vraiment les complications du diabète, par exemple les amputations, les gens qui ne se soignent pas bien les pieds ; il y a les dialyses, ce qui signifie qu'à raison de 3 séances par semaine tu ne peux plus voyager ; et pour les jeunes hommes c'est un peu la virilité qui fout le camp !", dit en plaisantant Patricia, bénévole à l'ADOPF.
On estime aujourd’hui que 22% des Polynésiens sont diabétiques. Un chiffre en constante augmentation.
Le reportage de Lucile Guichet :