Election présidentielle : l'engouement des moins jeunes, le détachement des plus jeunes

Beaucoup d'anciens ne rateraient pour rien au monde ce moment.
Pour ce deuxième tour, la participation devrait être plus importante qu'au 1er tour. Parmi les électeurs, des anciens qui veulent à tout prix accomplir leur devoir de citoyen. Mais chez les plus jeunes, l'engouement n'est vraiment pas le même.

Voici plus de 4 heures que les bureaux de vote sont ouverts. A Paopao, la plus grosse commune de Moorea, à 10 h, 187 personnes ont déjà accompli leur devoir de citoyen dans le bureau 5 et 169 personnes pour le second bureau. Ce sont un peu plus de 11,5% d’électeurs qui ont voté ce matin. Les citoyens sont plus nombreux pour ce second tour.

Jean-Claude a du mal à marcher, mais pas à voter. Au contraire.

Parmi les électeurs du matin, Papa Jean-Claude. Ce matahiapo de 68 ans se déplace difficilement. Il a eu une tumeur au cerveau suivie d’une opération en 1995. Il en a gardé des séquelles, il a du mal à marcher et a un trouble de la vue. L’année dernière il a eu des problèmes au cœur et a été hospitalisé. Il n’arrivait plus à marcher il y a encore quelques mois mais grâce à l’aide de sa famille, aujourd'hui il tient la forme. Ce matin, un ancien agent communal qui fait le tour des matahiapo du district est venu le prendre chez lui pour l’accompagner au bureau de Paopao. Car Jean-Claude na jamais raté un vote. Il est un fidèle des élections car il tient à accomplir son devoir de citoyen.

Même en fauteuil roulant, certaines personnes âgées accomplissent leur devoir de citoyen.

Ce matin, une autre matahiapo est venue voter malgré son handicap. Elle est en fauteuil roulant après avoir eu un problème à la jambe il y a quelques mois. Aujourd'hui, Berielle est accompagnée d’un sapeur-pompier, Emmanuel, car impossible pour elle de sortir d’une voiture sans aide ou encore de se déplacer. Emmanuel est donc son ange gardien, il l’accueille à la voiture, l’installe dans un fauteuil et l’accompagne jusqu’au bureau où il attend que Berielle termine son devoir de citoyen. Il nous a confié faire son devoir avec plaisir. Car Emmanuel estime que c’est normal dans son métier, il doit être voué à la population. Il restera en poste toute la journée pour venir en aide à ceux qui en auront besoin.

En attendant les électeurs continuent d’affluer. L’abstention au premier tour était de 74%. Il semblerait déjà que ce second tour attire plus les citoyens.

"Heureux de voter"

A Huahine, un ancien a tenu absolument à voter. Benjamin Oopa, 95 ans, a été le premier magistrat de l'île en 1972. "La veille, il était heureux de voter", raconte sa fille, "bébé, prépare mon linge, mes cartes d'électeur et d'identité", lui a-t-il demandé. A son âge, il a besoin de quelqu'un pour le soutenir, ajoute sa fille. Mais "à 95 ans, il suit toutes les élections", conclut-elle.

Le 1er magistrat de Huahine, Benjamin Oopa, ne rate aucune élection. Pour lui, voter est un devoir et une joie.

A Paea, être le premier votant à chaque élection, c’est la motivation de Jean-Paul, qui fait partie des 9 378 inscrits. Ce matin, il est arrivé 45 minutes avant l’ouverture du bureau de vote pour assurer sa première place. "Il fait frais à l’ouverture, c’est 8 heures. Y a pas les chaleurs, y a pas grand monde, et bon ça passe plus vite et on est libres après dans la journée", dit ce sexagénaire.

Retina Brillant aussi est venue tôt ce matin. Elle qui fête ses 87 ans en juillet. Malgré des difficultés à se déplacer cette année, elle ne veut pas manquer ce rendez-vous de citoyen. "Pourquoi c’est important devenir voter ? Et ben je suis Française. Voilà. Faut respecter, faire son devoir de citoyen. Voilà, mon devoir c’est ça", affirme-t-elle.

Retina Brillant, 87 ans, est accompagnée par son fils. Le devoir familial de citoyen.

Et c’est son fils Lucien qui l’accompagne aujourd’hui pour accomplir son devoir de citoyenne. Pour lui, "c’est le devoir du fils et le devoir du citoyen. C’est les 2 devoirs qu’il faut faire. Accompagner sa mère pour ses obligations qui lui sont imposées pour venir voter. Et donner donc son sentiment. Et puis en même temps ben lui venir en aide dans sa démarche".   

Participer à chaque élection, Jean-Yves le fait depuis qu’il a 18 ans. Et ce matahiapo n’a jamais manqué un seul scrutin. "Parce que c’est mon rêve. C’est important pour moi de voter… je veux pas louper".   

Pour assister les matahiapo de la commune, la mairie de Paea a mis à disposition des fauteuils roulants. 

Les vagues, pas le vote

A Punaauia, les électeurs se sont aussi pressés dès 8 heures. Sur les 18 863 inscrits, des jeunes. Comme pour les anciens, certains votent par devoir. "Des gens se sont battus pour le droit de vote, c'est pour ça que je suis là", dit l'un d'eux.

Pas de doute, il doit le faire !

Pour Kilian, voter permet de participer au débat politique : "si on veut se plaindre, il faut venir voter !"

Avec la musique, c'est beaucoup plus sympa !

Quant à Mélanie, elle pense que "c'est important, pour le futur", notamment pour les retraites. Mais son conjoint Aliendez constate que de nombreux jeunes ne sont pas assez impliqués. "Non, la plupart des jeunes ne votent pas", dit-il, sans en connaître les raisons.

Aujourd'hui, Narii s'intéresse aux vagues, pas au vote.

C'est le cas aujourd'hui de Narii qui ne se sent pas l'âme d'un électeur. Ce jeune homme le dit franchement que "ça ne m'intéresse pas, je m'en fous, il n'y a que des mensonges...Mais on verra tout à l'heure, après le surf !"

Après sa session, peut-être qu'une vague le mènera jusqu'à son bureau de vote...