Dans cette petite entreprise on fabrique rames et pirogues dans la bonne humeur. Trois employés, tous polynésiens y travaillent depuis longtemps. "On a toujours embauché localement, on a beaucoup de demandes...Globalement, on a toujours embauché localement, après on a des activités de gros-oeuvre, de menuisier, on fabrique également des pirogues, donc nous c'est essentiellement local", déclare Heimata Chaussoy, gérant de Marere Tahiti.
Les métiers de la coiffure ne sont pas en reste question embauche locale. Dans les 2 salons de Claudine Morin-Larochette, gérante de Coiff'n'go, une douzaine de personnes sont employées et on n’a pas attendu la loi pour faire travailler les Polynésiens. "On a toujours embauché localement, formé. Là je vais prendre une apprentie esthétique dont je viens de signer le contrat la semaine dernière, une apprentie en coiffure et on cherche une apprentie coiffure pour Papeete. Nous on embauche localement, on forme et on se débrouille".
A l’université, on dresse l’état des lieux d’une loi applicable depuis octobre 2022, même si les entreprises polynésiennes privilégiaient déjà l’emploi local : meilleure intégration, meilleure connaissance culturelle et investissement à long terme. Des arguments de taille selon le Medef Polynésie. "C'est l'intérêt de l'entreprise d'embaucher localement. C'est d'ailleurs l'une des premières conclusions du comité d'emploi local qui a montré que 95 % des embauches faites en Polynésie avant la mise en place de la loi sont déjà des embauches répondant aux critères de la loi", explique Thierry Mosser, vice-président du Medef-Polynésie en charge des questions sociales.
S’il est trop tôt pour dresser un bilan, les statistiques sont vivement recommandées. L’exemple de la Nouvelle-Calédonie, où la loi est appliquée depuis 2012, met en garde sur les difficultés à venir. "La loi sur la protection de l'emploi local fonctionne peut-être très bien, sauf que notre difficulté est de constater qu'elle fonctionne bien, parce qu'on a un manque de données statistiques. Ca va venir puisique 2019 on a ajouté de nouvelles données, mais la difficulté est de faire le bilan sur les 10 ans, parce qu'on a très peu de données chiffrées et objectives", estime Nadège Meyer, maître de conférence à l'université de la Nouvelle-Calédonie.
Un chantier à retenir pour la nouvelle équipe ministérielle en charge de l’emploi