La crise couvait depuis l'automne et a explosé à partir du 18 janvier, menant à deux semaines de blocages d'autoroutes, finalement levés le 1er février. Pesticides, normes, simplifications administratives, aides aux éleveurs ou aux viticulteurs, renforcement des contrôles contre la fraude sur l'origine française des produits... Le Premier ministre Gabriel Attal a fait plusieurs salves d'annonces, sans parvenir à totalement calmer la colère. C'est dans ce contexte toujours tendu que le président français s'est rendu au Salon de l'agriculture samedi.
Emmanuel Macron s'est efforcé toute la journée de prouver que les agriculteurs avaient été écoutés et les réformes lancées. Et il a accédé en particulier à deux revendications : la fixation future d'un prix minimum auquel les agriculteurs vendraient leur viande ou autre produit, et l'élévation au rang d'intérêt général majeur de l'agriculture.
Arrivé à 8 heures, il a fini sa visite vers 21h15, après avoir échangé, verre à la main, sur le stand des brasseurs, conclusion traditionnelle des venues du locataire de l'Elysée au terme d'une journée tout sauf ordinaire. "Qui aurait dit ce matin que 12 heures plus tard, on se retrouverait ici à continuer de travailler, d'avancer ?" a-t-il lancé peu avant 20 heures, satisfait d'avoir parcouru l'événement en dépit d'un démarrage chaotique, et taclant : "c'est ridicule de la part d'agriculteurs d'avoir fait de la violence sur un salon qui est le leur."
Rare violence et premier jour de salon gâché
Un peu plus tard, le préfet de police de Paris Laurent Nuñez affirme lui aussi que "ceux qui ont été les plus déterminés et qui sont restés à vouloir approcher au plus près le président, c'étaient les membres de la Coordination rurale". M. Nuñez a indiqué que huit membres des forces de l'ordre avaient été blessées, "dont deux un peu plus sérieusement". Ils ont dû faire rempart de leur corps face à "300 ou 400" manifestants cherchant à approcher du chef de l'Etat.
L'image restera de CRS et gendarme mobiles casqués et boucliers en main tentant de contenir des agriculteurs en colère insultant le président ("fumier", "menteur") et demandant sa démission. La situation était "hors de contrôle", a estimé auprès de l'AFP le secrétaire national Alliance des CRS et ancien responsable de groupes de sécurité du président et du Premier ministre, Johann Cavallero.
D'autres présidents ont dû affronter au Salon sifflets, huées et bousculades, comme Nicolas Sarkozy ou François Hollande. Mais sans commune mesure avec les événements de samedi. La pagaille a en tout cas retardé l'ouverture du salon aux visiteurs, et fortement compliqué l'accès au hall des animaux pour les visiteurs.
La première journée de ce soixantième Salon de l'agriculture a été "gâchée", a regretté le directeur de l'événement, Arnaud Lemoine, auprès de l'AFP en fin de journée. Le salon va durer jusqu'au 3 mars. Il accueille habituellement 600.000 visiteurs.