ENTRETIEN. "Je n'avais jamais réalisé la dimension nationale de ce trophée". Tania Tehei, vice-championne de France de surf en 1976

Horizon Teahupoo - Tania Tehei
Vice-championne de France de surf en 1976, Tania Tehei a délaissé le surf pendant plus de trente ans. Aujourd'hui, elle a repris le chemin des spots de surf, mais sans la fougue de la jeunesse. Rencontre dans Horizon Teahupoo

Lorsqu'elle grimpe sur la seconde marche du podium des championnats de France en 1976, Tania Tehei n'a pas conscience de l'exploit qu'elle vient d'accomplir. "Je n'avais jamais réalisé la dimension nationale de ce trophée. Je suis deuxième, ok cool".

Les championnats de France de surf 1976

C'est la première fois que le championnat de France de surf est organisé à Tahiti, précisément à Papara. "Je ne connaissais pas du tout le spot. Moi, mon spot, c'était Paea. Quand je suis arrivée, la houle était hyper puissante et il n'y avait que des gauches." Heureusement qu'elle connaissait une fille du spot. Il s'agit de celle qui allait remporter la compétition, Teura Ruagi. "Elle connaissait les vagues par cœur, c'est une fille de Papara, et comme je la connaissais, je lui ai dis, 'ah Teura, je ne sais pas par où il faut passer.' Elle m'a dit, 'suis-moi, je vais t'indiquer où se trouve le pic' "

Cette solidarité entre surfeuses, entre adversaires, paraît impensable aujourd'hui. "C'est quelque chose qui n'arrivera jamais maintenant, jamais personne ne t'indiquera où prendre les bonnes vagues". Cette solidarité sera payante, puisque Teura Ruagi va remporter le titre et devenir championne de France de surf 1976. Tania Tehei, elle, montera sur la deuxième marche du podium. "Quand je suis arrivée sur la plage, quelqu'un m'a dit qu'il y avait eu une interférence. Sur le moment, je n'y ai pas prêté attention. Et là, on vient me voir et on me dit, Tania, tu es deuxième, j'ai répondu, comment ça se fait que je suis deuxième ? On m'a répondu qu'avec les points que j'ai eus, je suis arrivée deuxième".

Tania Tehei, vice-championne de France de surf

L'ambiance Beach Boys

L'ambiance sur les spots de surf était plus détendue à l'époque. "Tu vois l'ambiance Beach Boys ? Et bien, c'était exactement ça, on n'était pas stressé. C'était hyper agréable. Il y avait moins de monde sur les spots. Il n'y avait pas de "popore", il n'y avait pas personne qui venait s'accaparer les vagues". C'était toutefois, un monde très masculin. "Il n'y avait que des gars, nous n'étions pas beaucoup de filles, et ils étaient très respectueux". En effet, les filles restaient généralement sur la plage. "Les filles attendaient leur copain sur la plage. Moi, je me suis dit, je ne ferai jamais comme elles."

Tania Tehei a appris le surf auprès de ses cousins de Paea. Ils s'échangeaient la seule planche de surf qu'ils possédaient. "Tu avais un cousin qui allait surfer, il revenait, un autre cousin allait surfer, puis il revenait, on se passait la planche".

Un break de trente ans

Si Tania Tehei continue de taquiner les vagues en France pendant ses études, à son retour à Tahiti, elle délaisse petit à petit le surf lorsqu'elle commence à travailler. "Je n'avais plus envie de prendre ma voiture pour aller surfer, je travaillais aussi beaucoup, j'avais beaucoup d'activités et plus beaucoup de temps pour le surf." Toutefois, le surf reste encore dans son esprit. "L'image du surf est toujours restée dans ma tête, tellement que je n'avais pas envie d'aller sur les spots de surf, de peur d'avoir envie de retourner surfer". Pendant de longues années, elle travaille au service de l'emploi, le SEFI.

Tania Tehei, 31 ans au service de l’emploi

Tania Tehei prend sa retraite en 2018 et décide de retrouver le chemin des spots de surf après avoir passé trente ans à les éviter. Toutefois, elle préfère passer par une école de surf. "Les copains m'ont dit, c'est comme la bicyclette, ça revient tout seul. Et bien, je peux vous dire que pas du tout, ça ne revient pas tout seul". Il faut dire qu'avec l'âge, on devient plus prudent. "Je ne veux plus aller surfer toute seule comme je le faisais avant, j'aime bien aller surfer si j'ai une copine avec moi, même si elle reste sur la plage. Avant, je prenais ma voiture et je cherchais les spots de surf, mais je ne veux plus faire comme avant."

Aujourd'hui, je ne veux plus aller toute seule, parce que, si tu as un malaise, il vaut mieux que quelqu'un te surveille.

Tania Tehei

Horizon Teahupoo - Polynésie la 1ère

Tania Tehei

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