Maruki Dury : Le ministre des Outre-Mer Manuel Valls a tapé du poing sur la table par rapport au rapport entre la Polynésie française et l'Azerbaidjan. Oscar Temaru lui a répondu avec fermeté. Qu'est-ce que ça vous inspire cette dualité entre l'Etat et le gouvernement ?
Teva Rohfritsch : Je ne comprends pas pourquoi Oscar Temaru et le Tavini s'entêtent avec l'Azerbaidjan. Le seul rapport qu'ils ont avec ce pays, c'est de s'opposer à la France. L'Azerbaidjan a connu des périodes troubles. Les droits de l'homme n'y sont pas respectés. Il y a eu des centaines de personnes déportées et des meurtres avec le conflit face à l'Arménie. Je ne comprends pas pourquoi le Tavini va chercher ce pays pour soutenir sa quête d'indépendance.
Et Moetai Brotherson qui dit que la France devrait ouvrir les discussions à l'ONU pour éviter ce genre d'alternatives ?
C'est du chantage. Il dit qu'il n'est qu'un membre du Tavini et qu'il faut demander aux leaders du parti mais il a été élu par le Tavini. Pendant ce temps, les Polynésiens attendent des choses concrètes. Si vraiment on est indépendatiste, on devrait tout faire pour développer ce pays afin qu'il soit indépendant sur le plan économique et financier et que l'on ait plus besoin d'aller chercher des sous à Paris pour les Jeux du Pacifique.
Il y a une dizaine de jours, le Sénat a adopté les crédits de la mission Outre-Mer, il y a une grande partie qui ira à la Nouvelle-Calédonie et à Mayotte, est-ce que la Polynésie aura quelque chose ?
Nous nous sommes battus pour préserver les dotations de la Polynésie française. Avec Lana Tetuanui, nous sommes montés au créneau. Nous sommes venus combler ce qui avait été réduit. Il y a près de 10 milliards qui ont été remis sur les contrats de convergence par exemple. J'entends dire le président "Je n'ai pas de sous pour les communes". Mais il faut se battre. Les prêts au développement Outre-Mer ont été rétablis, pour les petites entreprises aussi. Les dotations annuelles de la Polynésie ont été préservées et les dotations contractuelles ont été rétablies. Maintenant, c'est au Pays d'aller se battre pour obtenir ces crédits. Je ne sais pas ce qu'a fait le président à Paris.
Le président nous assuré qu'il travaillait avec les parlemantaires, est-ce que c'est vrai ? Quelle est votre relation avec le gouvernement polynésien ?
Nous nous sommes croisés trois fois à Paris, nos relations sont très cordiales. Mais il ne m'a jamais demandé ce qu'il s'était passé au Sénat sur le budget. Moi je lui ai écrit, je lui ai fais offre de mes services, pour le Pays. Nous avons obtenu les crédits sans Moetai Brotherson. Pas un remerciement du président.
Le délai du dépôt des dossiers du Civen est passé de 2024 à 2027, l'association 193 aurait voulu que l'on pousse ce délai à au moins 10 ans, ca va se faire étape par étape ?
Sur ce sujet là, nous avons travaillé avec la député indépendantiste Mereana Reid Arbelot. Il était un moment où il était prévu que le délai ne soit que d'un an. On aurait préféré que le délai soit plus long mais il fallait obtenir quelque chose. Il y a d'autres combats à mener. Faciliter le montage des dossiers, la transparence des décisions de la Comission mais on déjà, a obtenu un délai au Sénat.
La situation concernant l'ice est grave en Polynésie. Le Sénat va se pencher sur une proposition de loi concernant la lutte contre le narcotraffic, quels sont les grands axes de cette proposition de loi ?
On a fait un focus sur l'ice avec une demande des renforcements des moyens de la police et de la justice, avec notamment l'antenne l'Offac qui fait un grand travail en Polynésie. Il convient également que l'on puisse aider notre justice et notre police à travailler plus rapidement.
On parle répression là. Mais quand on voit la Fédération citoyenne polynésienne de lutte contre les drogues et la toxicomanie, ce ne sont que des bénévoles sans argent, comment on les aide ?
Je crois que sur le volet prévention, le Pays a son rôle à jouer. Il me semble qu'il y a des mesures qui pourraient être prises. Nous attendons toujours l'infrastructure sur la santé mentale pour accompagner nos jeunes. Je trouve que le Pays devrait déployer plus de moyens sur ce sujet.
Teva Rohfritsch, est-ce que vous êtes un solitaire en politique ou êtes-vous toujours impliqué dans la vie des autonomistes et de votre parti Ia Ora te Nunaa ?
Le parti est toujours vivace et nous sommes pour le rassemblement des autonomistes. J'étais samedi au déjeuner de cohésion organisé par Moérani Frebault. Ia Ora te Nunaa poursuit son petit chemin dans cette logique d'union. Quand on voit que le gouvernement passe son temps à regarder son nombril et à parler de l'Azerbaidjan, il est urgent de proposer une alternative, celle du développement de ce pays.