La Croix-Rouge de la Polynésie n’a pas été épargnée par l’impact de la crise sanitaire sur la consommation. Face à la flambée des prix, Maeva Drach, sa directrice, s’est tournée vers des produits avec des prix plus compétitifs pour alimenter les épiceries solidaires. Mais la réaction des familles en situation de précarité, est pour le moins surprenante. "Pour le beurre, il doit être de marque Anchor ; le café doit être du Nescafé ; pour le chocolat en poudre il faut du Milo ; pour le fromage il faut du Chesdale ; pour les biscottes il faut du Sao ! On leur explique que ce sont des marques qui sont souvent beaucoup plus cher que d'autres, mais on fait attention au goût de nos bénéficiaires", constate encore étonnée Maeva Drach.
La participation financière de 10% de la valeur réelle du panier, demandée aux bénéficiaires, Jacques, résident à Oremu à Faa'a ne veut pas en entendre parler. Avec sa petite retraite, l’homme de 80 ans préfère nettoyer les jardins pour subvenir aux besoins de sa famille alors que l’épicerie solidaire se situe plus bas…à Puurai.
"Pas la charité"
"Les gens sont plutôt gênés pour demander cette aide. Malgré mes 80 ans, je peux encore travailler jusqu'à mon dernier souffle. Mes enfants, mes petits-enfants, à eux de travailler pour gagner leur vie. On ne demande pas la charité", explique le vieil homme.
C’est dans le quartier Tehaamata’i sur la route de ceinture, que vivent Leilani, prestataire et son mari salarié. Avec 4 enfants à la maison, le quotidien n’est pas facile explique la mère de famille non éligible à l’épicerie solidaire. "Pour les familles vraiment dans le besoin, c'est d'y aller. Par contre, ceux qui travaillent, ceux qui peuvent subvenir [à leurs besoins] à la fin du mois, qu'ils laissent leur place aux plus nécessiteux. L'essentiel, c'est d'avoir le ma'a pour les enfants, après pour le reste on se débrouille", dit-elle.
Les comptes de la Croix-Rouge sont dans le rouge à cause du retard du versement de la subvention 2022 du Pays à hauteur de 25 millions cfp. Actée à la mi-mai en conseil des ministres, il faudra encore attendre le feu vert de la commission ad hoc.