États-Unis : Harris et Trump s'écharpent dans un débat crucial à deux mois de l'élection

États-Unis : Harris et Trump s'écharpent dans un débat crucial à deux de l'élection
Kamala Harris et Donald Trump se sont durement affrontés, ce mardi 10 septembre, lors d'un débat télévisé au ton très offensif, s'accusant mutuellement de mentir et confrontant leurs visions opposées de l'Amérique, à moins de deux mois d'une élection présidentielle historique.

La vice-présidente démocrate et le candidat républicain, qui ne s'étaient jamais retrouvés face-à-face, ont rapidement fait de ce débat à Philadelphie une foire d'empoigne sur l'économie, l'avortement ou encore l'immigration.

Assurant avoir "remis en ordre le bazar" laissé par Donald Trump, Kamala Harris a par exemple reproché à son adversaire de propager un "tissu de mensonges" sur l'avortement et "d'insulter" les Américaines. Taxant sa rivale de "marxiste", celui-ci a au contraire accusé la vice-présidente d'avoir "copié" le programme de Joe Biden et de "détruire le tissu social de notre pays" en laissant "des millions de personnes affluer dans notre pays depuis les prisons, les établissements psychiatriques et les asiles d'aliénés".

"Donald Trump nous a laissé le pire chômage depuis la Grande Dépression, la pire épidémie de santé publique depuis un siècle (et) la pire attaque contre notre démocratie depuis la guerre de Sécession", a-t-elle déclaré, faisant référence à ses tentatives d'inverser le résultat de l'élection de 2020.

"J'ai pris une balle"


Sur scène, Donald Trump, au ton de plus en plus agressif au fil du débat, est apparu l'air grave, le visage fermé, le regard braqué vers la caméra sans jamais regarder son adversaire. En contraste, Kamala Harris, a fréquemment tourné la tête vers son adversaire, avec une mine dubitative voire parfois moqueuse face à ses affirmations et l'a poussé dans ses retranchements.

La tension s'est installée dès le début, même si Kamala Harris, vêtue d'un tailleur-pantalon sombre, et Donald Trump, arborant sa traditionnelle cravate rouge vif, ont échangé une poignée de main, sous les yeux de millions de téléspectateurs. Une vaste majorité d'entre eux savent pour qui ils voteront le 5 novembre. Mais le scrutin s'annonçant très serré, la part d'indécis parmi eux constitue un enjeu crucial.

"J'ai sans doute pris une balle dans la tête à cause de ce qu'ils disent sur moi", a lancé l'ancien président, faisant référence à la tentative d'assassinat l'ayant visé lors d'un meeting en juillet, dans ce même État de Pennsylvanie. À un autre moment, Donald Trump a repris l'accusation mensongère de son camp selon laquelle des migrants haïtiens mangent "des chats et des chiens" dans une ville de l'Ohio (nord-est). "À Springfield, (...) ils mangent les animaux de compagnie des habitants. C'est ce qui se passe dans notre pays", a dit le candidat républicain.

Kamala Harris, 59 ans, et Donald Trump, 78 ans, parlent sans public ni notes, avec leur micro coupé quand ce n'est pas leur tour de s'exprimer, selon des règles strictes destinées à empêcher les interruptions intempestives.

Déficit de notoriété


Chacun des débatteurs doit relever des défis difficiles, alors qu'ils sont au coude-à-coude dans les sondages. Kamala Harris doit présenter des mesures nouvelles, tout en expliquant pourquoi elle ne les a pas mises en œuvre en près de quatre ans de vice-présidence. Elle doit aussi justifier quelques récentes volte-face, sur l'immigration ou la fracturation hydraulique. Enfin et surtout, pour la démocrate, ce duel est une occasion unique de combler en partie son déficit de notoriété face à son tonitruant rival, elle dont la cote de popularité s'est stabilisée en septembre après une hausse remarquable en juillet/août.

Rompu aux joutes télévisées, Donald Trump doit lui montrer qu'il conserve toutes ses facultés mentales, alors que le retrait de Joe Biden l'a automatiquement fait passer en position de candidat âgé face à une démocrate plus jeune de deux décennies. Ce débat en évoque forcément un autre, remontant seulement au 27 juin. Ce soir-là, le président Joe Biden, déjà fragilisé par les questionnements incessants sur ses 81 ans, avait sombré en direct face à Donald Trump, avec des propos confus. 

Cela avait précipité le retrait spectaculaire de sa candidature, le 21 juillet. Depuis, Kamala Harris a relancé les espoirs démocrates. Là où M. Biden était distancé, elle fait jeu égal avec Donald Trump dans les "swing states", ces six ou sept États pivot qui pèsent si lourd dans le système américain d'élection au suffrage indirect.

Marquer les esprits


Si les électeurs américains attendent des propositions contenues dans un programme sur des questions jugées importantes – coût de la vie, immigration, éducation, criminalité, etc. —, ils se prononceront d'abord sur une personnalité. Or 28% des électeurs qui comptent se rendre aux urnes, selon un sondage New York Times/Siena College, disent avoir du mal à cerner la vice-présidente.

Le premier objectif de la démocrate mardi soir était donc de faire bonne impression et de marquer les esprits. Donald Trump n'a nul besoin de publicité et semble résister à l'avanie des procédures pénales à son encontre.