Attention ! Cette nouvelle étude porte sur la population et non pas sur les travailleurs de Moruroa. Pourquoi ? Et bien parce que le cancer de la thyroïde touche les femmes dans 80% des cas.
Les chercheurs ont conclu que les essais nucléaires pourraient être responsables de 2,3 % des cas de cancer de la thyroïde en Polynésie. Des résultats qui présentent certaines limites.
"Même avec les données déclassifiées par l’armée, il est extrêmement compliqué et probablement très imprécis de reconstituer, d’estimer les doses à la thyroïde reçues par des gens il y a 40 ans ou 50 ans", estime le chercheur à l'INSERM Florent de Vathaire.
Ce n’est pas une surprise pour Hiro Tefaarere, président de l’association Moruroa e tatou. Il relève que l’étude ne porte que sur les cas de cancers diagnostiqués entre 1984 et 2016 : "voilà pourquoi aujourd’hui il nous faut absolument obtenir de l’Etat non pas simplement les archives scientifiques, mais surtout les fameux registres des malades du cancer et des morts du cancer pendant la période des tirs, à partir de 1966 jusqu’à la fin des tirs...Il est aujourd’hui impératif que l’Etat nous restitue tous ces dossiers-là. Et ces recherches, si effectivement l’Etat accepte de nous les rendre, va nous permettre d’avoir des éléments incontournables pour conforter les plaintes que nous avons déposées".
Pour l’association 193, cette nouvelle étude est une aubaine, car elle s’intéresse aux maladies qui peuvent être radio-induites telles que les 23 cancers listés dans la loi Morin. Mais pas que.
"Ça fait plusieurs années que nous réclamons aussi l’élargissement de cette liste des maladies dites radio-induites. Et que les maladies cardiovasculaires ainsi que la cataracte soient comptées comme des maladies probablement avec une conséquence due aux essais nucléaires. Et donc ce rapport en fin de compte ouvre d’autres fenêtres qu’on ne s’y attendait pas", précise Père Auguste Carlson, président de l'association 193.
Dans le prolongement de cette étude, Florent de Vathaire souhaite en lancer une nouvelle sur les effets transgénérationnels, c’est-à-dire sur les caractérisques génétiques particulières présentes dans la population. Mais aussi chez les travailleurs de Moruroa.