Ce week-end au musée de Tahiti et des îles, il y a le tu'aro maohi...mais il y a aussi les élèves du centre des métiers d’art. Ils sont à l’origine d’une exposition intitulée HURI, qui va durer jusqu'au 19 novembre. Et samedi 15 juillet, c'est la dernière journée où ils proposent une visite guidée au public avec des explications sur leurs œuvres...alors, on s'y est rendus pour les découvrir.
Les créations de trente artistes sont exposées, sur le thème "huri" qui signifie 'changer', 'tourner' ou encore 'renverser' en tahitien...chacun a laissé parler sa créativité à partir de ce thème.
Inversion dans le contexte et la matière
Dylan a choisi de "mettre quelque chose qui vient de la terre sur quelque chose qui vient de la mer" en donnant à la fougère des motifs de fer forgé, gravés dans des nacres. Il a mis deux semaines pour terminer les quatre. Inspiré par son île d'origine, Ua Pou, où il n'est plus retourné depuis deux ans, le jeune marquisien a souhaité symboliser la fougère présente dans tous ses souvenirs d'enfance, guidé par son père le long des sentiers.
Cette oeuvre lui a valu la meilleure note et Dylan est ressorti major de sa promotion nous dit-il. "C'est fort pour moi, c'est la première fois que j'expose, et en plus au musée" dévoile-t-il. Étudiant en gravure, il va encore évoluer deux ans au centre des métiers d'art.
Tauarii, un autre élève du CMA, finalise sa scolarité avec cette ultime oeuvre en tant qu'étudiant : trois bustes imprimés en 3D et un buste en bois d'acajou. Avec 18,5/20, il a loupé de peu la première place.
Et des messages forts
Le jeune homme propose sa version des bustes, dans laquelle ils ne représentent plus les divinités, les penseurs ou les figures politiques mais tout simplement le peuple. En 3D, Tauarii a donc dessiné deux de ses camarades de classe ainsi que son maître de stage. Il y a passé neuf jours au total, et trois mois de plus pour son autoportrait en bois d'acajou.
"J'ai voulu proposer cette inversion en réalisant des jeunes Polynésiens" pour que chacun ait droit à sa statue ! Et pour la double inversion, il propose des oeuvres en plastique biodégradable, l'acide polylactique. "C'était important pour moi de faire des oeuvres qui aillent avec mon temps, ma génération et tout ce qui tourne autour de la jeunesse", décrit Tauarii.
Fraîchement diplômé, l'artiste va poursuivre ses études en master dans une école privée à Bordeaux l'année prochaine.
Les œuvres, elles, vont rester au centre. Parmi elles, on retrouve aussi les illustrations encadrées de Poerani qui lui ont pris un mois et demi. Étudiante en sculpture, elle exprime des messages forts mis en valeur par des cadres en bois de kaori, tendre et clair, magnifiquement travaillés.
Des imprimés en aluconbod faites à l'ordinateur, ayant pour thème l’obésité. Sur ces illustrations, les personnages ont le dos tourné : les uns tournent le dos à la réalité, les seconds aux critiques. Mais laissons parler l’artiste de son œuvre…
Au milieu des œuvres des étudiants, certains professeurs ainsi que le directeur exposent eux aussi. Toutes ces sculptures, peintures, gravures ont demandé plusieurs mois de préparation, entre la recherche, le choix de la thématique, les ratés, les doutes, les peurs, les plans D...alors pour ces artistes en herbe, cette exposition signifie énormément et laisse d'innombrables interprétations en héritage...