Fenua d'avant : retour sur l'histoire du nucléaire en Polynésie

Tir d'un essai nucléaire en Polynésie
Il y a 60 ans, en janvier 1963, la Polynésie apprenait officiellement qu’elle allait abriter un Centre d’Expérimentation du Pacifique. Les premiers essais commenceront trois ans plus tard, en 1966. Un choix politique qui a changé le cours de l’histoire ce territoire français. Dans notre Fenua d'avant de ce 14 janvier, retour sur l'histoire des essais. Lai Temauri faisait un état des lieux, c'était en 2003.

Moruroa, nom prédestiné, signifie l'atoll du grand secret. Il a été le chef-lieu des essais nucléaires pendant trente ans. C'est ici que dans les années 60 s'est installé le CEP, le Centre d'Expérimentation du Pacifique. Un atoll intéressant en raison de sa large passe, qui peut être franchie par des navires de tonnage important.

La première bombe est tirée un 2 juillet 1966. Elle fait alors entrer la Polynésie française dans l'ère nucléaire. "Je tiens à dire la Polynésie française combien la France apprécie le service qu'elle lui rend en étant le siège de cette organisation, qui doit assurer la paix à coup sûr à notre ensemble français", lance alors le général De Gaulle devant les Polynésiens. Il est alors en voyage à Tahit, c'était le 6 septembre 1966.

Contestations

Mais l'installation du CEP ne s'est pas faite sans protestation de la part des élus polynésiens. John Teariki puis Francis Sanford et le sénateur Pouvanaa O Oopa ne cessent de protester. Mais ils ne réussissent pas à faire fléchir la raison d'un État qui s'affirme chez lui et dans son bon droit.

Au total, 193 tirs seront tirés à Moruroa et Fangataufa. Tout d'abord avec 46 essais atmosphériques soit entre 510 et 720 fois la puissance de la bombe d'Hiroshima. Mais la poursuite de ce programme n'est plus possible tant la contrainte internationale est forte et le débat national vif. En 1972, l'État décide de passer aux essais souterrains. 137 au total jusqu'en 1991.

Bataille entre deux camps

Après trois ans de répits, la France annonce la reprise des essais. Les manifestations sont nombreuses mais l'État persiste. Le dernier essai a lieu le 27 janvier 1996. Les installations des deux atolls sont rapidement démantelées. Mais en 2003 se posent des questions sur l'incidence des tirs sur la santé.

Une bataille se joue alors entre deux camps. Celui des autorités qui affirment que les essais ont été conduits dans des conditions optimales et qu'ils sont sans répercussion sur la santé. Et celui des vétérans, des anciens travailleurs et de la population qui apportent des témoignages accablants en pleine contradiction avec les propos des autorités. 

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