Des pâturages à perte de vue, sur les hauteurs de Taravao. 12 hectares sur lesquels paissent les troupeaux de la coopérative Faaapu Manahune. Mais bientôt s’élèvera ici la première ferme polynésienne photovoltaïque et sa petite station météo, Mahana O’Hiupe, capable d’alimenter 5 100 foyers en électricité solaire. Un projet innovant. "Il faut imaginer des ombrières très hautes, de 3 à 4 m, avec de l'espacement entre chaque rangée de panneaux, ce qui va créée un puits de lumière qui rentre à l'intérieur, selon la journée", explique Gérard Siu, directeur de la future ferme.
Georges Ma’au-Raoulx, le propriétaire terrien et président de la coopérative, y voit un projet d’avenir et surtout un revenu locatif sur 25 ans. "J'ai entendu parler de plein de choses qui se passent, l'électricité va monter d'ici là", constate Georges Ma’au-Raoulx.
Les 450 bovins, une espèce calme et sans corne, devraient cohabiter avec les panneaux solaires à partir de 2025. Un pari audacieux car jamais développé jusqu’alors. "Notre crainte, en tant qu'éleveurs de bovins, c'est qu'on a de moins en moins de terrains disponibles, et les gens préfèrent les vendre... que de les mettre à disposition pour faire de la viande bovine. Ce projet-là est très important pour nous, parce qu'on va valider les deux activités pendant plus de 25 ans, et en plus ça permet de montrer qu'on est capable de le faire et de le démultiplier par la suite, dans les îles ou ailleurs", remarque Bruno, éleveur de la coopérative Faaapu Manahune.
Mais le projet subit déjà 20% de surcoût en raison de l’augmentation du transport et des matériaux. Aujourd’hui, la première ferme agri-solaire polynésienne Mahana O’Hiupe espère un assouplissement des règles de revente du kilowatt. Car, pour l’heure, l’électricité solaire surproduite ou sous-produite n’est pas rachetée par EDT. Elle est donc perdue. La ferme compte aussi à l’avenir sur une plus grande capacité des lignes à haute tension, afin de pouvoir augmenter sa production et gagner en rentabilité.
Les travaux devraient débuter l’année prochaine et la ferme doit être opérationnelle au 1er janvier 2025.