Gestion de la crise covid : un rapport pour mieux se préparer et mieux se coordonner

Pendant le covid, beaucoup de familles n'ont pas pu faire leur deuil après le décès de leurs proches.
Le bilan de la commission d'enquête sur la gestion de la crise sanitaire tient dans un rapport de près de 300 pages. Cette initiative du groupe A here Ia Porinetia n'est pas un règlement de compte avec l'ancienne majorité, le rapport a pour objectif de mieux réagir en cas de nouvelle crise. La dernière a participé à creuser la dette du pays, de 80 milliards cfp en 2020, elle double quasiment en 2023 !

La gestion de la crise du covid n’a pas été parfaite. Pour autant, la commission d’enquête ne veut pas juger qui que ce soit, mais dresser un bilan pour permettre plus d’efficacité lors de la prochaine crise.

Rappelons que 778 personnes ont perdu la vie à cause du virus. Et l’économie de la Polynésie a beaucoup souffert. Le Pays a débloqué un fonds de solidarité à hauteur de 64 milliards cfp pour venir en aide aux entreprises. Et l’intervention de l’Etat s’est traduite majoritairement par des prêts garantis, à hauteur de 120 milliards.

Les membres de la commission d'enquête sur la gestion de la crise sanitaire.

La commission d’enquête pointe du doigt un problème de limite des compétences entre les différentes autorités. Elle recommande donc une clarification des compétences de l’Etat, du Pays et des communes dans le statut, afin de faciliter la prise de décision et également de mieux définir les responsabilités financières. "Aujourd'hui, on se demande si c'était à la Polynésie de devoir payer tout ce qui relevait de la santé. D'après les différents témoignages et les recherches faites pendant ce rapport, on voit qu'en cas de crise il y a quand même des compétences, même si elles relèvent de la Polynésie, qui peuvent être imputées à l'Etat", remarque Nicole Sanquer, vice-présidente de la 2e commission d'enquête sur la gestion de la crise sanitaire.

Difficile deuil des familles

De plus, la commission a pris un mois pour mener une enquête auprès de 776 personnes choisies parmi la population. Il en ressort 2 points importants : l’obligation vaccinale qui a divisé la communauté polynésienne et la difficulté du deuil durant la crise.

"Ce sont ces familles et les pompes funèbres qui nous ont rapporté à quel point c'était difficile pour les familles de ne pas pouvoir accompagner leur(s) défunt(s), de ne pas pouvoir assister à la mise en bière, de ne pas avoir la certitude qu'il s'agissait bien de leur défunt dans le cercueil...toutes ces choses-là ont profondément marqué certaines personnes qui n'ont pas pu faire leur deuil à cause de ça...[Il aurait fallu] favoriser les cercueils vitrés, de façon à ce que les familles puissent, à travers au moins la vitre, comme cela se passe avec les personnes évasanées décédées en métropole, de voir leur défunt et faire leur deuil correctement et être libérées de la douleur du deuil", explique Tepuaraurii Teriitahi, rapporteur de la 2e commission d'enquête sur la gestion de la crise sanitaire.

A cause de la vague Delta, les cimetières ont été rapidement saturés.

Aussi, la commission recommande la possibilité pour les familles de voir le visage du défunt au travers d’une vitre installée sur la housse mortuaire ou le cercueil.

Au total, 49 recommandations ont été présentées à l’assemblée de Polynésie le 18 décembre.

Enfin, la commission rappelle que la Nouvelle-Calédonie a bénéficié d’une subvention de l’Etat à hauteur de 15 milliards, plus 4,4 milliards pour équilibrer ses comptes sociaux. Elle demande qu’en Polynésie aussi, la solidarité nationale s’exprime par des subventions plutôt que par des emprunts.